Transfert des Kulunas à Kanyama Kasese : « je voudrais préciser ici que ces jeunes ne sont pas arrêtés pour être amenés en prison … ils sont mis à la disposition du service national pour un encadrement » (Général-Major JP Kasongo)

Quelques kuluna
Illustration. Quelques kulunas appréhendés à Kinshasa/Ph. ACTUALITE.CD

Le Général-major Jean-Pierre Kasongo Kabwik, commandant du service national, s'est exprimé ce vendredi 13 août sur les accusations des violations des droits de l’homme proférées par le ministre des droits humains, Albert Fabrice Puela, contre l’opération de transfèrement des Kuluna à Kaniama Kasese.

Alors que le ministre dénonce cette manière de faire, soutenant qu’un procès doit être organisé avant tout transfert à Kanyama Kasese, Jean-Pierre Kasongo Kabwik a tenu à rassurer que toutes les précautions sont prises pour ne pas violer les droits humains.

« Il condamne qu'il y a violation des droits humains à quel niveau ? Au niveau de leur rassemblement, au niveau de leur évacuation ou au niveau de leur encadrement ? Mais déjà, je peux dire, moi je ne vois pas à mon niveau à quel point il y a violation des droits de ces jeunes gens. Sans prétendre être le porte-parole de la police, mais au moins, il y a eu quelque fois où j'étais associé à ces opérations lorsqu'on était en train de rassembler ces jeunes. Je constatais que la police faisait correctement son travail. Ces jeunes sont des Kulunas donc ce sont des jeunes gens qui sont potentiellement dangereux, qu'on reproche par exemple à la police d'y aller par des méthodes fortes, je le regrette », a dit le Général-Major devant la presse.

Et d’ajouter :

« Nous avons des témoignages que les policiers ou militaires ont été tués, des policiers et militaires ont vu leurs bras arraché avec des machettes par ces jeunes. Lorsqu'on décide maintenant de faire une opération de neutralisation, on n’y va pas comme à l'église, on prend toutes les précautions tout en respectant les droits humains ou la dignité, on les arrête, on les amène dans un commissariat de la police, on les rassemble et le service national les récupère pour leur encadrement. Je voudrais préciser ici que ces jeunes ne sont pas arrêtés pour être amenés en prison. Lorsque la police prend ces gens, ils sont mis à la disposition du service national pour un encadrement c'est-à-dire que l'État a décidé d'encadrer ces jeunes gens parce que ça fait partie des prérogatives de l'État d'encadrer une certaine jeunesse qu'on trouve qu'elle commence à dévier ».

Le numéro un du service national rappelle que l'évacuation des Kulunas vers Kanyama Kasese vise la formation de ces jeunes afin de faciliter leur réinsertion dans la vie sociale. Il estime que les gens ne doivent pas seulement critiquer l'action du service national mais plutôt apporter des solutions.

« L'objectif, c'est de créer les unités de production qui vont être déployées dans ce que nous appelons le sépare dans chaque territoire, en long terme, sépare c'est quoi ? Un centre d'appui, centre de production, centre de reconstruction et développement. Il ne suffit pas de condamner, qu'est-ce qu'on propose ? Nous nous sommes ouverts, si on dit service national, police nationale, comme vous êtes en train de violer les droits en ce qui concerne l'évacuation et que vous vous estimez que ces gens qui sont déplacés dans un avion-cargo, que cela était une violation des droits humains, vous nous offrez un jet, un affrètement Congo Airways ou CAA nous n'allons pas refuser, ne vous limitez pas seulement à nous critiquer, apportez nous les moyens de correction que vous avez », a souligné le Général-Major Jean-Pierre Kasongo Kabwik.

Jean-Pierre Kasongo Kabwik revient sur les grandes lignes de la formation des Kulunas à Kanyama Kasese. En son sein, plusieurs filières sont organisées pour les réinsérer dans plusieurs domaines de la vie nationale.

« Ils sont aujourd'hui avec la sixième vague qui est partie, nous sommes autour de 2100 qui sont à Kanyama Kasese en train d'être encadrés. Nombreux disent qu'ils ne veulent plus rentrer à Kinshasa à cause de leurs conditions de vie. C'est vrai, ils ne sont pas dans un hôtel 5 étoiles mais au moins le commandant suprême a décidé que les dispositions soient prises pour que ces jeunes gens passent de bons moments en formation, ils ne dorment pas sous la belle étoile. Savez-vous que ces jeunes sont en train de manger 3 fois par jour ? Les moyens sont mis à leur disposition par le gouvernement. Du point de vue formation et encadrement, les choses se passent très bien. La grande majorité lorsqu'ils sont arrivés, pas seulement les Kulunas mais leurs parents au départ, il y en a ceux qui pensaient que ces jeunes gens allaient dans un mouroir, arriver sur place un mois, deux mois après, les conditions de formation sont un peu plus dure, c'est pour l'endurance physique, ça fait partie de la formation, après la formation de plusieurs mois, nous avons allégé les conditions de vie en terme de liberté. Les deux premières vagues qui sont arrivés, nous pouvons le relâcher le week-end, ils ont droit d'aller à la cité. Ils peuvent aller à Kanyama, ils partent et ils reviennent, ils étaient en tenue pour pouvoir les identifier mais à un moment nous avons décidé encore d'alléger, ils ont été dotés en tenue civile de Jeans, Polo. Je ne vous parle pas des histoires. Ils n'ont pas l'intention de fuir, ils sont tous en attente d'un brevet, après le brevet, ils seront intégrés au service national », a-t-il expliqué.

Et de poursuivre :

« Il y a plusieurs filières au service national, certains vont devenir maçons, charpentiers, menuisiers, ouvriers agricoles, chauffeurs, mécaniciens avant même qu'on termine la formation, on a décelé ceux qui ont des talents, nous avons du matériel pour ça, nous avons acquis du matériel ».

Dans une correspondance adressée à son collègue du ministère de l'intérieur, Albert Fabrice Puela avait demandé de rappeler la police à l'ordre afin d'arrêter avec cette pratique consistant à arrêter puis transférer directement les jeunes gens à Kanyama Kasese. Pour M. Puela, cela va à l'encontre du respect des droits humains.

Clément MUAMBA