Le député national Gratien de Saint-Nicolas Iracan dit avoir noté quelques avancées significatives sur le terrain depuis la proclamation de l'état de siège dans les provinces de l'Ituri et du Nord-Kivu. Pour l’Ituri spécifiquement, il affirme que les tueries se poursuivent car il y a plusieurs armes disséminées au sein de la population.
« Nous avons la responsabilité de pouvoir accompagner l'état de siège pour que ça aboutisse bien. Le peuple Iturien a accueilli avec joie l'état de siège, le résultat est visible… mais cela ne doit pas empêcher de dire certains faits qui bloquent aussi le bon déroulement de l'état de siège. En 27 jours, il y a eu beaucoup de morts, je ne préfère pas revenir sur les chiffres. Je préfère revenir sur deux chiffres : on a tué plus de 60 personnes à Boga, on a encore tué à Exode [Ndlr: un carré minier à Djugu]. Donc il y a beaucoup de cas isolés. Et ça s'explique du fait que les armes sont disséminées partout et ça va être aussi un grand travail pour nos Forces Armées de pouvoir prendre possession de toutes ces armes qui sont en train de circuler dans la population », a déclaré Gratien Iracan jeudi 3 juin à l’occasion de la plénière consacrée à l’examen et au vote de la proposition de loi autorisant la prorogation de l’état de siège au Nord-Kivu et en Ituri.
M. Iracan a invité le gouvernement de la République à mettre en place des mécanismes humanitaires pour la prise en charge des populations qui ont fui les hostilités suite aux opérations militaires.
« Il y a eu des pillages, des miliciens qui sont en train de fuir l'offensive des FARDC et c'est important de dire qu'il n'y a pas des humanitaires qui accompagnent l'action des FARDC. Il y a beaucoup de populations qui sont en brousse, malheureusement en train de mourir parce qu'il n'y a pas d'assistance humanitaire. Est-ce-que le gouvernement a mis un mécanisme pour pouvoir protéger et assurer la survie de ceux qui fuient les hostilités ? Il faut faire attention à cela », a-t-il recommandé.
Dans le même registre, il a alerté sur l'existence des barrières érigées par les miliciens afin de rançonner la population. Aussi, s'inquiète-t-il de la gestion des recettes de la province. Il estime qu'il faudra avoir une armée opérationnelle sur le terrain plutôt qu'une armée plus administrative.
« Aujourd'hui, il y a encore des barrières qui sont visibles, les militaires et policiers passent par des axes où des miliciens détiennent encore des barrières en train de rançonner la population. Il y a des questions qui restent pendantes, que sont devenues les recettes de la province ? Qui contrôle l'utilisation des recettes de la province ? C’est une province très riche qui donne beaucoup d'argent, qui contrôle les recettes ? Comment elles sont gérées ? Nous devons avoir une armée opérationnelle sur le terrain, pas une armée qui reste pour faire l'administration ordinaire de l'État comme à l'époque normale », s'est-il indigné.
Pour conclure, Gratien Iracan a fait une série de recommandations pour parvenir aux résultats positifs pendant la période de l'état de siège.
« Il nous faut renforcer les moyens de contrôle au niveau de l'Assemblée nationale pour qu'on mobilise plus de recettes et ça permettra à notre pays de mettre beaucoup de moyens au service de l'armée. Il faut que les militaires respectent les civils et cela permettra aux militaires d'avoir les informations auprès de la population pour anticiper les massacres. Il faut accélérer aussi la réforme de l'armée, renforcer la justice : tous ceux qui seront arrêtés avec des armes doivent être mis à la disposition de la justice », a-t-il conclu.
L'Assemblée nationale a adopté après examen en mode urgence, ce jeudi 3 juin, le projet de loi autorisant la prorogation de l'état de siège dans les provinces de l’Ituri et du Nord-Kivu. A l'issue d'un vote par appel nominal, sur 336 députés présents, 334 ont voté « pour », 1 a voté « contre » et 1 s'est abstenu.
Clément Muamba