Le cahier des charges de la Campagne "Le Congo n'est pas à vendre" (CNPAV), publié en ce début du mois de mai, évoque aussi les aspects liés à la gouvernance dans le secteur de l'énergie en République Démocratique du Congo.
Le CNPAV déplore le fait que le pays souffre d'un taux d'accès à l'électricité cruellement bas. "La SNEL ne parvient pas à améliorer sensiblement ses services ni à étendre sa zone d'opération".
Le CNPAV note que la loi sur l'électricité de 2014 visait à libéraliser le secteur afin d'attirer des capitaux frais et étendre le réseau, toutefois, cette réforme reste inachevée et insuffisamment
encadrée.
Les faiblesses globales du secteur de l'énergie, selon le CNPAV
Le consortium CNPAV relève les faiblesses globales de la gouvernance du secteur énergétique depuis sa libéralisation en 2014. Il s'agit des éléments ci-après :
- Le manque de volonté politique de finaliser les textes règlementaires pour
assurer une application exhaustive de la loi ; - En dépit de la volonté du président de la république d’améliorer le taux d’accès à l’électricité, le budget de l’Etat n’inclut pas une ligne conséquente d’investissement
axée sur l’atteinte de cette objectif.
En perspective d'y remédier, le CNPAV formules quelques recommandations au ministre de l'Energie et des Ressources Hydrauliques, à savoir :
" - La finalisation des textes règlementaires du secteur pour une application exhaustive de la loi ; - La budgétisation conséquente pour des investissements permettant d’améliorer le taux d’accès à l’énergie ; - D’allouer un budget à l'Agence de Régulation du secteur de l’Electricité (ARE) pour assurer son opérationalisation et son indépendance pour limiter les risques de corruption et les conflits d’intérêt dans le secteur de l'électricité, en décourageant notamment le financement des missions de descentes sur terrain de l’ARE dans les provinces par les entreprises de l’électricité...", indique le cahier des charges du CNPAV.
Le CNPAV constate également que depuis la libéralisation du secteur et la privatisation de la SNEL, le gouvernement n’a pas clarifié le statut des barrages existants et n'a défini notamment ce qui relève du portefeuille de la SNEL et ce qui appartient directement à l'Etat.
Par ailleurs, il constate aussi une faible transparence dans l’octroi des nouvelles concessions et l’opacité dans le développement du projet INGA 3.
De ce fait, ce consortium de la société civile recommande au ministre de l’Energie et des Ressources Hydrauliques :
- De clarifier d'urgence le statut des barrages existants et de définir notamment ce qui relève du portefeuille de la SNEL et ce qui appartient directement à l'Etat ; - De récupérer les parts de la République dans Busanga cédées illégalement à une société écran par l'ancien régime ; - D’enquêter sur et de rendre publique la propriété réelle de Congo Management et des autres concessions allouées dans le secteur de l’électricité.
Force est de constater que 60 ans après l'indépendance de la République démocratique du Congo, les difficultés liées à l'eau et à l'électricité persistent encore que ça soit dans la Capitale Kinshasa où à l'intérieur du pays. Selon un rapport de Resource Matters, une ASBL installée en Belgique, publié en 2020, malgré les vastes ressources énergétiques du pays, seuls 9 à 15% de plus de 80 millions d’habitants du Congo ont accès à l’électricité, la plupart de temps de manière intempestive.
Jordan MAYENIKINI