RDC : pour Jacquemain Shabani, les propos de Paul Kagame sont “graves”, frisent le “mépris” et “l'injure”

Paul Kagame, Président du Rwanda

Le président de la Commission électorale permanente (CEP) de l'Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS), Jacquemain Shabani, dénonce le fait que le président rwandais Paul kagame a publiquement nié le massacre qui a eu lieu sur le sol congolais à une certaine période dans la partie Est de la RDC et qui est retracé dans le rapport mapping.

« Il est connu du monde entier que le Congo a vécu une période extrêmement douloureuse et horrible. Nous n'avons pas encore fait le deuil de tous nos morts parce qu’ils sont morts dans des conditions extrêmement complexes. Les enquêtes les ont prouvées et la justice n'a pas encore statué là-dessus. C'est douloureux pour nous, de voir que le président Paul Kagame, qui sait que son armée a piétiné le sol de la RDC à plusieurs reprises, qui sait que son armée a fait une guerre de six jours dans la ville de Kisangani où il y a eu énormément des morts, guerre entre elle et l'armée ougandaise, puisse venir nier publiquement ce massacre, ce génocide qui s’est déroulé sur nos terres où nos frères et sœurs et nos parents sont morts avec dédain et mépris. C'est extrêmement grave (…). C'est tellement grave, ça frise le mépris et l'injure », a déclaré à ACTUALITE.CD, cet originaire de Masisi.

Dans une interview accordée lundi à France 24 et RFI depuis Paris en marge du sommet international sur le financement des économies africaines, Paul Kagame a notamment été questionné sur le rapport mapping.

« Le rapport du projet Mapping a été extrêmement controversé. En réalité, il a été hautement contesté par les gens en RDC ou dans les pays voisins. Il a été très politisé », a-t-il dit avant d’ajouter : « il y a d’autres rapports qui sont sortis et qui contestent et qui disent tout à fait l’inverse. Il n’y a pas eu de crime. Absolument pas. Que ce soit par les personnes évoquées ou les pays cités. C’est si vous voulez la théorie du double-génocide. Qui est à l’œuvre ? ».

Plusieurs autres personnalités politiques et même les acteurs de la société civile ont pris le devant pour fustiger ces propos du président rwandais, qu’ils considèrent comme du négationnisme, position idéologique et stratégique consistant à nier l’existence des crimes commis par les armées étrangères sur le sol congolais.

De son côté, Félix Tshisekedi  a insisté sur le fait que le rapport mapping n’a pas été élaboré par les Congolais mais plutôt par les experts.

« Je ne suis pas là pour répliquer à mon homologue. C’est quelqu’un avec qui j’ai de bonnes relations. Le rapport mapping a été fait par les experts de l’ONU. Ce ne sont pas les Congolais qui accusent, ce sont des gens objectifs qui l’ont fait (…). Justice doit être faite pour toutes les victimes au Congo et ailleurs, dans la région », a-t-il réagi.

Ivan Kasongo