Nord-Kivu : une manifestation voulue par trois députés provinciaux réclamant « la gestion rotative de la province » interdite par la police à Goma

Les trois députés provinciaux du Nord-Kivu pro gouvernance rotative. Ph. ACTUALITE.CD.

Les trois députés provinciaux, réclamant la gouvernance rotative entre communautés de la province du Nord-Kivu, n'ont pas marché comme initialement prévu ce jeudi 6 août à Goma. Leur marche a été interdite par le maire de la ville. La police ne les a pas permis de  marcher même 1 mètre à partir du rond-point Signers où ils étaient déjà rassemblés. 

Elle les a plutôt conduits auprès du maire de la ville. Après entretien avec ce dernier, les trois députés ont, séance tenante, introduit une nouvelle lettre d’information pour annoncer la tenue d'une autre marche le lundi prochain.

Les députés provinciaux Prince Kihangi (Walikale), Emmanuel Muhozi (Rutshuru) et Alexis Bahunga (Masisi) réclament un arrangement institutionnel instituant un système de gestion rotative entre les communautés de la province pour les postes de Gouverneur de province et du Président de l’Assemblée provinciale.

«  Le plus grand défi c'est celui lié à la gouvernance. Depuis un temps, il y a deux tendances qui sont dégagées. Une première est de la prédominance de la majorité, selon les principes démocratiques et la seconde a estimé qu'il fallait scinder la province en deux. Nous sommes la troisième tendance pour concilier les deux premières. Pour dire, nous avons tout intérêt à sauvegarder l'unité de la province du Nord-Kivu et l’unité sociale. Nous voulons que la province reste une et indivisible. L'alternatif c’est de dire, acceptons qu’il y ait la gouvernance rotative. Une possibilité accordée à tout le monde pour gérer la province », a dit Prince Kihangi, un des députés manifestants.

Cette question de gouvernance rotative, évoquée lors du dialogue social dit « des vérités » organisé du 30 juillet au 1er août 2020 par le gouverneur du Nord-Kivu, Carly Nzanzu, n'a pas bénéficié de l'unanimité des participants à ces assises. La recommandation allant dans ce sens avait même été rejetée.

«  Cette question de gestion rotative de la gouvernance de la province ne peut pas être traitée au niveau de la province. Il fallait peut être proposer la modification de la constitution pour arriver à cette fin là, chose qui n’est pas facile. Cette question de gestion rotative c'est un faux problème parce qu'il suffit qu'au niveau des forces politiques, les arrangements se fassent bien, même le Mukano deviendra gouverneur de province. Le vote d'une telle recommandation est une violation flagrante de la constitution », avait réagi le vice-président de l’Assemblée provinciale du Nord-Kivu, Me Jean-Paul Lumbulumbu.

À la clôture du dialogue social, le gouverneur du Nord-Kivu, Carly Nzanzu avait plutôt conseillé les géniteurs de l’idée de gestion rotative de la province à adhérer au sein des formations politiques qu'ils jugent fortes et capables de conquérir le pouvoir.

«  Quand nous avons convoqué ce dialogue, nombreux sont de ceux là qui ont pensé que nous voulons communautariser la vie politique au Nord-Kivu. Loin de là. Nous savons qu'il y a la sociologie dans la politique mais les acteurs de la vie politique, c'est d'abord les partis politiques. Notre loi est claire en la matière. Si on veut conquérir le pouvoir, on y va soit en tant qu’indépendant, soit en tant qu'acteur politique. Alors, renforçons les idéologies dans des partis politiques parce qu'on ne va pas venir vous prendre chez vous et vous donner le pouvoir », avait réagi le gouverneur Carly Nzanzu à cette revendication liée à la gouvernance rotative entre communautés de la province.

Signalons que les trois députés provinciaux « manifestants » ont été acheminés à leurs domiciles respectifs par le commandant de la police, ville de Goma, le colonel Alisa Job.

Jonathan Kombi, à Goma