Les anciens chefs de guerre de l'Ituri dépêchés par le Chef de l'État, Félix Tshisekedi ont entamé des négociations directes avec les miliciens de CODECO actifs dans le territoire de Djugu et dans certains coins des territoires de Mahagi et Irumu. Objectif, obtenir la cessation des violences qui ont causé des centaines de morts depuis fin 2017 dans cette partie du pays.
La délégation des anciens chefs de guerre de l'Ituri arrivée à Bunia, chef-lieu de la province de l'Ituri est composée notamment de Floribert Ndjabu, chef de l'ancienne milice du Front des nationalistes intégrationnistes (FNI) devenue parti politique, du général Germain Katanga, ancien commandant de la milice Force de résistance patriotique de l'Ituri (FRPI) et du colonel Mathieu Ngudjolo.
M. Ndjabu, chef de la délégation affirme que les bastions des miliciens sont déjà identifiés afin de bien mener les négociations.
" Nous avons entamé des négociations directes avec nos frères des CODECO. Tous leurs bastions sont déjà répertoriés et ils sont bras ouverts envers nous. Hier (mardi), nous étions dans le site de Kambutso (Djugu) et avons discuté avec les miliciens de ce qu'ils appellent leur deuxième bataillon. Nous leur avons expliqué la volonté du Chef de l'Etat, celle de la paix, c'est-à-dire de déposer les armes et nous expliquer le motif de leurs combats. Ils ont accepté la main tendue du commandant suprême, ils ont même opté pour qu'ils soient pré cantonnés. Mais en plus, ils ont présenté leur cahier de charges dont la primeur d'information est réservée au Chef de l'Etat. Nous allons continuer avec cette série des négociations jusqu'à la fin.", a déclaré Floribert Ndjabu dans une interview exclusive à ACTUALITE.CD.
La milice CODECO dont l'armée assurait avoir tué le leader en février dernier a plusieurs groupuscules. Les envoyés de Tshisekedi devraient les rencontrer tous. "Ils sont éparpillés et certainement ils n'auront pas les mêmes revendications. Mais la méthode n'est pas compliquée. Nous allons échanger avec tous les groupes dans chaque bastion et tirer des revendications communes à présenter au Chef de l'Etat.", a ajouté le président du FNI.
Erreur à ne pas reproduire
Depuis fin 2019, les autorités avaient ouvert un site à Kpandroma pour le cantonnement des miliciens de CODECO qui étaient appelés à déposer les armes. Mais, suite au manque d'une politique appropriée, ce processus n'avait produit aucun résultat escompté. Des centaines de miliciens qui s'étaient déjà rendus avaient dû quitter le site.
"Nous n'avons pas des baguettes magiques. Nous n'allons pas faire de spécialités que nos précédents. Nous avons travaillé pour détecter leurs failles en vue de bien se lancer sur terrain. La première faille a été liée indirectement au gouvernement congolais concernant la situation de prise en charge. Vous vous souvenez par exemple que à Kpandroma, plus de 200 à 300 miliciens de CODECO ont sportivement accepté de se rendre. Mais arrivé à un moment donné, ils ont regagné la brousse faute de leur prise en charge. Deuxième faille ce sont des personnes mal intentionnées, qui en profitent et ne voudraient pas que CODECO puisse accepter de faire la paix. Et enfin, il y avait la problématique de l'approche au niveau des autorités provinciales, les méthodes. C'est-à-dire que les autorités compétentes ne parlaient pas les mêmes langages sur terrain. Nous avons pris des dispositions pour ça.", a expliqué Floribert Ndjabu.
Il a ajouté : "Nous avons deux spécificités. D'abord sur le plan sociologique, ils sont nos frères et nous parlons les mêmes langues, c'est très facile que nos messages soient captifs. Et nous vous rappelons que nous avons des expériences sur les groupes armés. Ils seront informés des conséquences pour qu'ils arrivent à bien comprendre."
Tous les membres de la délégation sont des anciens prisonniers à la Cour pénale internationale (CPI) ou encore à la prison de Makala à Kinshasa après leur passage dans les groupes armés entre au début des années 2000. Ils une mission de deux mois.
Franck Asante, à Bunia