Dossier République du Kivu : «ceux qui militent pour la balkanisation se trouvent bel et bien dans le camp des ennemis de la République» (Antipas Mbusa Nyamwisi)

La carte du Sud-Kivu.

Antipas Mbusa Nyamwisi, ancien ministre congolais des affaires étrangères a réagi aux messages qui ont circulé la semaine dernière dans les réseaux sociaux,  appelant à la création d’une prétendue «République du Kivu». Comme celui du prix Nobel de la paix, Denis Mukwege, le nom d’Antipas Mbusa Nyamwisi figurait également sur une liste de 20 personnalités, influentes dans le Kivu, présentées comme des ministres de la prétendue République. 

Pour le président du RCD/KML, il s’agit d’une aventure. Il dénonce un projet qui ne cadre pas, d’après lui, avec ses valeurs et son combat pour l’unité du pays.  

«Effectivement, à travers les réseaux sociaux, j'ai suivi avec amertume ce qui s'est passé à Bukavu, le matin du 1er juillet 2020. Toujours dans les réseaux sociaux, j'ai trouvé une liste qui reprenait de noms de personnalités, dont le mien, comme faisant partie des ministres de cette aventure. Je dénonce les auteurs de cette liste pour avoir mis mon nom sur quelque chose que je ne connais pas, un projet qui ne cadre pas avec mes valeurs et les raisons pour lesquelles je me suis engagé en politique et qui ont pour socle l'unité de mon pays. Un pays qui dispose d'une vocation de grandeur et de prospérité, de part son histoire, sa position stratégique, ses richesses rares pour l'économie mondiale, son environnement pittoresque, son beau peuple, mon peuple, particulièrement sa dynamique jeunesse. Je le dis et le redis, je ne suis pas mêlé à ce qui s'est passé à Bukavu. Avec les nouvelles technologies de communication, il devient facile de jeter l'anathème sur quelqu'un. C'est une mauvaise pratique qui ternit l'image de la politique pourtant appelée à être un cursus honorum», a déclaré à ACTUALITE.CD Antipas Mbusa Nyamwisi.

Mercredi 1er juillet, au-delà de la circulation de la liste des “ministrables”, Bukavu s’est également réveillé avec des drapeaux noir-jaune-bleu accrochés aux arbres dans plusieurs endroits, notamment au carrefour ISP (Institut supérieur pédagogique), aux alentours du collège Afajiri et dans la commune d’Ibanda, drapeaux proclamant la «République du Kivu».

Pour l’autorité morale du Rassemblement congolais pour la démocratie-Kisangani mouvement de libération, ceux qui militent pour la balkanisation se trouvent bel et bien dans le camp des ennemis de la République. Un camp qui n’est pas le sien, lui avait contribué à la réunification du Congo, rappelle-t-il.

«Puis-je rappeler que quand notre pays a dernièrement connu la guerre entre 1998 et 2002 et qu'il était encore une fois menacé d'éclatement, le premier avion de la réunification était parti de la Ville de Béni pour Kinshasa. Ayant personnellement contribué, en synergie avec d'autres forces sociales et politiques du pays, pour que nous puissions rentrer dans les périmètres nous légués par les pionniers de l'indépendance, je ne peux, en aucun cas, trahir ce combat et oublier le sacrifice, combien énorme, de plusieurs tombés sur le champ d'honneur pour que le Congo reste UN et INDIVISIBLE. Ceux et celles qui militent pour balkaniser le pays ou qui, consciemment ou inconsciemment, y contribuent dans leurs manières d'être, de penser la politique et de la faire, se trouvent, bel et bien, dans le camp des ennemis de la République», déclare-t-il. 

Yassin Kombi et Claude Sengenya