RDC : "à partir de juillet, nous n'allons plus proroger l'état d'urgence sanitaire, le pays est agonisant sur le plan socio-économique", averti le député Gratien Iracan

Le député national Gratien Iracan

Le député national Gratien de Saint-Nicolas Iracan estime que la 5ème prorogation de l'état d'urgence sanitaire intervenue ce samedi 20 juin doit être la dernière. 

Pour lui, à partir du mois de juillet, point ne sera question de maintenir l'état d'urgence sanitaire, le faire, sera "assassiner" le pays qui est déjà à l'agonie sur le plan socio-économique. 

" Nous avons vu qu'il fallait faire cadeau au gouvernement parce que chaque fois on disait qu'il n'y avait pas d'arguments solides pour pouvoir proroger l'état d'urgence sanitaire. L'exposé des motifs était faible. Et pour cela, nous avons tellement insisté, surtout nous de l'opposition, parce que chaque fois nous avons était unanime qu'il ne fallait pas proroger parce que le pays était à l'agonie sur le plan économique. Et cette fois-ci, nous avons insisté et la présidente de l'Assemblée nationale a mis sur pied une commission spéciale qui a travaillé sur la situation de la covid-19 pour suivre tout ce que le gouvernement faisait. On a trouvé effectivement qu'il y a beaucoup de dérives que ça soit sur le plan financier mais aussi sur le social et sanitaire. Et, les recommandations de cette commission spéciale nous ont intéressé  tous comme députés nationaux qui étaient présents dans la salle et donc, nous n'allons plus proroger l'état d'urgence à partir du mois de juillet", a déclaré Gratien de Saint-Nicolas Iracan.

Et de poursuivre :

" Nous, nous avons trouvé que si nous continuons avec la prorogation de cet état d'urgence sanitaire, nous sommes entrain de détruire nous-mêmes le pays. La situation socio-économique va de mal en pire"

L'élu du Mouvement Social (MS) est tout de même conscient que la maladie progresse mais insiste sur la fin de l'état d'urgence au mois de juillet et le renforcement de gestes-barrières.

" Donc, il faut nécessairement déconfiner d'abord la commune de la Gombe parce qu'il n'y a plus de raisons pour que Gombe soit sous confinement. Mais surtout, il faut arrêter avec l'état d'urgence sanitaire et renforcer les gestes-barrières. Nous voyons la covid-19 mais, il y a des conséquences que le gouvernement ne voyait pas sur le plan socio-économique. Parce que tout simplement les niveaux sanitaires n'étaient pas pris en charge", a insisté Gratien Iracan.

Cet élu de Bunia dans la province de l'Ituri fustige aussi un début catastrophique de la gestion de la pandémie qui a coûté à la République des sommes importantes sans résultats conséquents.

" Autre détail important c'est que la gestion de la covid-19 n'était pas bien décentralisée. On sait que dans le système de santé, il faut passer des zones de santé jusqu'aux aires de santé.  Mais, cette fois-ci on a eu une gestion qui était plus en amont et qui ne pouvait pas se décentraliser jusqu'à la base. En conséquence, on envoyé près de 4 700 000 USD aux provinces pour la gestion de la covid-19. Mais, les gouverneurs se sont sentis dans l'incapacité d'utiliser cet argent parce qu'ils ne savent pas ce qu'il faut faire avec cet argent. Donc, le plan n'était pas bien établi en amont et cela a produit comme conséquence, les provinces ne se retrouvent pas à mesure pour contrecarrer la covid-19", fustige-il.

L'Assemblée nationale et le sénat ont adopté le projet de loi autorisant la nouvelle prorogation de l'état d'urgence sanitaire pour un délai de 15 jours. Cette prorogation prend cours du 21 juin au 4 juillet 2020.

Cette pandémie a impacté négativement l'économie mondiale. Pour faire face, Félix Tshisekedi avait lancé ce jeudi dernier le Programme multisectoriel d’urgence d’atténuation des impacts de la Covid-19 en RDC (PMUAIC-19). Ce programme, d’une durée de 9 mois, doit permettre notamment de renforcer, coordonner et concrétiser les mesures sanitaires et sécuritaires idoines et urgentes prises.

Depuis le début de l’épidémie déclarée le 10 mars 2020, le cumul est de 5.826 cas 130 décès et 841 personnes guéries. Douze provinces sont touchées : Kinshasa (épicentre) 5.198 cas ; Kongo Central 270 cas ; Haut-Katanga 172 cas ; Sud-Kivu 108 cas ; Nord-Kivu 65 cas ; Kwilu 3 cas ; Tshopo 3 cas ; Ituri 2 cas ; Equateur 1 cas ; Kwango 1 cas ; Haut-Lomami 1 cas et Haut-Uélé 1 cas. 

Berith Yakitenge