Procès Kamerhe : des audiences au prochain verdict, les avis divergent

Procès Kamerhe : des audiences au prochain verdict,  les avis divergent

Le tribunal de Grande Instance de Kinshasa/Gombe a fixé au 20 juin, la date du prononcé du jugement dans l'affaire Kamerhe et consorts. À quelques heures du verdict, la rédaction Femme de Actualité.cd est allé à la rencontre des Kinoises  qui se sont exprimées  sur le déroulement des différentes audiences.

A la dernière audience du procès, le ministère public avait requis 20 ans des travaux forcés pour détournement des deniers publics et 15 ans pour corruption contre Vital Kamerhe. Le ministère souhaite aussi que celui-ci soit déclaré inéligible pour une durée de 10 ans.

Réactions des kinoises sur le déroulement des audiences

Elles sont commerçantes, bureaucrates et étudiantes, des femmes ont donné leurs avis sur les audiences tenues en direct de la prison de Makala.

“Nous avons suivi avec beaucoup d'intérêts ce procès, depuis le jour de l’interpellation jusqu'à la dernière audience. Ce qui m'a plu, c'est de savoir que notre pays commence à donner des signaux d’un État de droit. Kamerhe est un grand homme politique mais il a été jugé sur base des faits portés contre lui,” explique Alfonsine Ndaye, vendeuse au marché Somba Zigida à Kinshasa.

Abordant dans le même sens, Christelle Kabanda se réjouit des retombées desdites audiences sur la perception de la justice en RDC. "J'ai d'abord apprécié le côté instructif de ce procès. Il nous a permis d’apprendre quelques notions du droit pénal. Mais également, sur le plan international, c'était une occasion de redorer l’image de la justice congolaise, qui pendant de longues années s’est caractérisée par la corruption et l'impunité, " affirme l’étudiante en Journalisme politique extérieure à l'Ifasic.

Irène et Solange ont vu à travers ces audiences, des indices de réponses aux problèmes socio-économiques du pays. “C’est à cause des politiciens que la vie sociale devient de plus en plus dure en RDC”, s’inquiète Irène. Et de poursuivre “Au cours des audiences de Kamerhe, nous avons appris que parfois des réserves des Francs congolais étaient décaissées de la Banque centrale à des fins très louches. Tous les jours, le taux de change du dollar n'est pas stable. Après ce procès, nous espérons ne plus revivre ces situations” ajoute-t-elle,employée d’une société d’aviation et habitante de la commune de Kasa-Vubu. A Solange de renchérir, “Elles nous ont permis de réaliser que notre pays a énormément d’argent. Des millions de dollars qui ne bénéficient nullement aux enseignants, aux fonctionnaires, bref, au petit peuple.  La déposition de Hamida n’a pas été aussi convaincante.” 

Contrairement aux avis précédents, Lady Kuediatuka n’a pas apprécié la comparution des membres de la famille Kamerhe. “J'ai été un peu choquée de voir toute une famille comparaître dans un procès public. Sa femme et sa fille pouvaient être épargnées. Cependant, comme elles ont été citées dans l'affaire, que leur innocence soit prouvée.” 

Pronostics sur le verdict du tribunal

Au sujet de la décision finale attendue ce samedi 20 juin, des kinoises ont esquissé des verdicts sur base du déroulement du procès. Bien que je ne sois pas juriste, j'ai eu l'impression que vital Kamerhe évitait certaines questions que lui posaient des juges. Il a préféré parler de sa vie. Je pense qu'il sera condamné à plus de 10 ans de prison,” confie une jeune kinoise.

"Vital Kamerhe sera maintenu en prison s'il est vraiment coupable. Sinon, cela ne servirait à rien de tenir un si grand procès pour une chute corrompue" affirme Solange

« Je pense que le tribunal va dire le droit au profit du peuple congolais. En somme, c’est ce dernier qui souffre, c’est l’argent du contribuable qui se perd .» conclut Irène

Lire aussi : RDC: le greffier de TGI/Gombe a signifié à la Cour constitutionnelle son impossibilité de lui transmettre le dossier Kamerhe

Pendant que la population est en attente du verdict final auprès du tribunal, le 17 juin, soit trois jours avant, les avocats de Vital Kamerhe ont introduit une requête à la cour constitutionnelle. Ils visent la surséance de son dossier et l'examen de l'exception de l'inconstitutionnalité contre l'article 145 du code pénal Livre II.

Prisca Lokale