Michelle Bachelet, Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme a apporté des détails sur la situation sécuritaire dans chacune des provinces (Ituri, Nord-Kivu et Sud-Kivu) où 1.300 civils ont été tués ces 8 derniers mois, d’après un rapport qu’elle a rendu public ce vendredi 5 juin. Pour l’Ituri par exemple, Mme Bachelet dit redouter que les communautés victimes des attaques de la milice CODECO, essentiellement constituée des membres de l’ethnie Lendu, ne puissent se constituer en forces d’autodéfense.
Le rapport souligne que les miliciens s’attaquent principalement aux membres des communautés Hema mais aussi Alur, « afin de contrôler les ressources naturelles dans la région. »
« Jusqu’à présent, et à leur grand crédit, les communautés ciblées se sont abstenues de riposter. Cependant, en l’absence de protection par des forces de sécurité et de défense efficaces, il existe un risque sérieux que les communautés se sentent obligées de former des groupes d’autodéfense, ce qui exacerberait très probablement une situation déjà désastreuse. », redoute la Haut-Commissaire aux droits de l’homme.
Le rapport indique que entre le 1er octobre 2019 et le 31 mai 2020, au moins 531 civils ont été tués par des groupes armés en Ituri, dont 375 depuis mars. L’armée et la police auraient également tué 17 civils au cours de la même période.
Comme le Bureau Conjoint des Nations Unies aux Droits de l’Homme l’avait dit dans son rapport publié en janvier dernier, Mme Michelle Bachelet prévient que les tueries dans à Djugu et Mahagi « pourraient présenter des éléments constitutifs de crimes contre l’humanité » voire de « crime de génocide ».
Les violences déclenchées fin 2017 dans le territoire de Djugu a fait des centaines de morts, des villages entiers incendiés, plus de 300 000 déplacés internes selon le HCR et plus de 3 millions d’après la société civile de l’Ituri qui fait également état d’au moins 600 personnes tuées par les miliciens depuis le début de cette année dans cette partie du pays.