RDC : Lunyeka-Tshikapa, la route des barrières et des tracasseries policières au Kasaï 

Le gouvernorat de province du Kasai

Le tronçon routier compris entre la cité de Lunyeka dans le secteur de l'Entre Kasaï Lunyeka en territoire de Tshikapa et la ville du même nom, long de 120 Km est un véritable casse-tête pour les usagers. Son état est impraticable et on y retrouve des nombreuses barrières érigées tant par les agents de l'État que les habitants de plusieurs villages. Le reporter d'ACTUALITE.CD qui a parcouru cette route jeudi 21 mai 2020 en a fait le constat.

Au départ de Kananga (Kasaï Central)  au nord de Tshikapa,  la route semble inspirer confiance en dépit des bains de cochon et ravins qui la menacent juste au niveau de Bena Mukangala et Bena Mande. 

La première barrière est placée au delà de la rivière Lulua, 11 Km de Kananga en territoire de Kazumba (Kasaï Central) où le poste de péage se trouve à côté d'un poste de contrôle sanitaire de prévention contre la Covid-19. Ce poste de contrôle sanitaire  prélève la température de tous les passants au départ et à l' entrée de Kananga. La barrière suivante est placée à Matamba, 25 Km de Kananga. 

De là, pour les usagers qui empruntent la route qui mène à la mission catholique Ntambwe en passant par le siège du territoire de Kazumba pour Tshikapa via la rivière Kaluebo,  limite naturelle entre le Kasaï Central et le Kasaï, aucune barrière n'est visible.

Traverser le pont sur la rivière Kaluebo, c'est la province du Kasaï que dirige le gouverneur Dieudonné Pieme Tutokot. La première barrière se trouve au village Lungonzo à environ 128 Km de Tshikapa ville à seulement 15 Km de la rivière Kaluebo. À cette barrière, des agents de la police de circulation routière et des transports et voies de communication ne laissent passer les usagers tant les conducteurs des vélos appelés Bayanda, ceux des motos et des véhicules qu'au versement du pourboire appelé "droit de la barrière". 

Du village Lungonzo à celui de Tshimbundu, 5 Km,  c'est la deuxième barrière où une fourmilière des services se côtoient: péage,  police de circulation routière et transport et voies de communication hébergés dans des hangars faits à base des rameaux. À chaque table, il faut glisser quelques billets de banque. À la table du péage, le passage se négocie entre payer la totalité des frais et recevoir un reçu ou payer la moitié pour passer sans reçu. Dépasser Tshimbundu,  le véritable calvaire commence.  Les barrières sont placées à chaque 20 Km notamment à l'entrée et à la sortie de la cité de Lunyeka, à Kabalekese, Ngalamuamba, Kasanzu,  Kabaka et la dernière se trouve à Kasala,  12 Km de Tshikapa. À part les barrières de Tshimbundu et Kasala qui sont des postes de péage,  toutes les autres sont tenues par des éléments de la police de circulation routière qui, pour lever le tronc d'arbre placé sur la voie routière exigent le fameux droit de la barrière. À côté de cette longue liste des barrières tenues par les agents et fonctionnaires de l'État,  se trouvent d'autres barrages érigés par des jeunes de plusieurs villages qui feignent de faire du cantonnage manuel. Eux aussi sont plus exigeant comme les agents de l'État. Pour laisser passer les usagers, ces "jeunes volontaires" exigent "le café". Entre-temps,  la route n'est route que de nom.  Parti de Kananga à 5h30 locale à bord des véhicules 4x4,  notre convoi a pu atteindre Tshikapa qu'à 18h00, une distance de 265 Km seulement.

Ancien chef de secteur de l'Entre Kasaï Lunyeka et actuellement député provincial à Tshikapa,  Léon Mudilele explique cette situation par le refus des autorités de la police de respecter et faire respecter l'édit portant réglementation des barrières au Kasaï. "Les autorités de la police au Kasaï font la course à l'argent pour se construire des maisons" déclare-t-il. Un responsable de la police à Tshikapa qui a requis l'anonymat justifie la présence de plusieurs barrières de la police de circulation routière par "le soucis de contrôler les motos qui sont nombreuses sur cette route" sans dire si la police arrive à faire payer les documents de bord aux détenteurs des motos: "les gens achètent facilement des motos pour leurs courses dans les mines de diamant et refusent de payer les documents de bord. Nous devons contrôler ça", dit-il.

Seul bémole, aucun dispositif de contrôle sanitaire en cette période où sévit la covid-19 ne se trouve sur cette route jusque dans la ville de Tshikapa. 

Sosthène Kambidi sur la route Lunyeka- Tshikapa