L’Intersyndicale de la santé de Butembo (Nord-Kivu) dénonce le dysfonctionnement dans lequel sont plongées ces jours des dizaines de structures sanitaires des zones de santé de Katwa et Butembo suite au non-respect, par les partenaires du ministère de la santé, des clauses de contrat relatif à la mesure de gratuité de soins durant cette période d’épidémie d’Ebola.
Dans une déclaration à ACTUALITE.CD, Vake Okelo, coordonnateur de l’intersyndical de la santé, révèle que depuis juillet dernier, le remboursement des factures des soins des patients n’a pas été effectué et plusieurs structures sanitaires n’ont pas été approvisionnées en médicaments, alors que les hôpitaux et centres de santé ne cessent de recevoir des patients. Il craint que ces irrégularités asphyxient les structures sanitaires, et exposent, par conséquent, les populations.
« Depuis quatre mois maintenant, les factures de soins ne sont pas remboursées, et plusieurs structures sanitaires ne sont pas approvisionnées en médicaments. Les conséquences sont de deux volets. D’abord les malades risquent de recevoir les soins non appropriés, parce que les malades sont en train de se présenter dans des structures, les soignants constatent le problème, mais ne savent que faire parce qu’ils n’ont plus de molécules ou médicaments, moins encore de l’argent faute de remboursement des factures des soins des patients. Ensuite, les structures risquent de tomber en faillite, parce qu’elles n’ont ni médicaments, ni argent, et les soignants non motivés », s’inquiète l’infirmier Vake Okelo.
C’est depuis novembre 2018 que le gouvernement congolais avait décidé de décréter la gratuité des soins dans la région de Butembo, en vue d’encourager les habitants malades à fréquenter les structures sanitaires, et par conséquent faciliter la surveillance épidémiologique en cette période d’Ebola.
D’après l’intersyndical de la santé, pour les zones de santé de Katwa et Butembo, c’est le Fonds d’achat des services de santé du Nord-Kivu (EUP FASS/NK) qui avait été chargé de rembourser mensuellement les factures des soins des patients, alors que l’Association régionale pour l’approvisionnement en médicaments essentiels (ASRAMES) avait été chargé d’approvisionner les structures sanitaires.
Pour les rares hôpitaux et centres de santé qu’ASRAMES ose approvisionner, elle leur livre des médicaments à un prix revu à la hausse, dénonce l’intersyndical de la santé.
Par exemple un flacon de vermox, ASRAMES nous le livre à 17 dollars, alors que nous l’achetons localement à 5 dollars américains. Il en est de même pour le paracétamol, on nous livre la boîte à 1 000 comprimés à 15 dollars, alors que cela coûte 5 dollars sur le marché local. On dirait du business dans une urgence humanitaire», dénonce Vake Okelo.
Lors d’une réunion tenue samedi 16 novembre dernier, les professionnels et administratifs des zones de santé de Katwa et Butembo ont indiqué que «cette situation plonge les structures sanitaires dans un dysfonctionnement total».
« Nous exigeons que les partenaires approvisionnent les structures sanitaires en médicaments. C’est la première chose à faire, puisque quand les malades arrivent, il faut qu’ils trouvent des médicaments et guérissent. Il faut aussi que les partenaires payent les factures des soins en souffrance, parce qu’en payant les factures les structures vont bien fonctionner, les soignants seront payés et ils vont travailler avec courage», indique Vake Okelo.
En cas d’absence des solutions à ces irrégularités dans la mesure de gratuité des soins, les professionnels et administratifs de la santé, membres de l’intersyndicale de la santé de Butembo menacent de manifester. Nos efforts pour entrer en contact avec les partenaires incriminés n’ont pas encore aboutis.
Claude Sengenya