Dolly Makambo, la question autour de sa responsabilité pénale

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Le procès du meurtre de l'administrateur général du centre de santé de référence Vijana, dans la commune de Lingwala, se poursuivra, ce samedi 2 novembre 2019, au Palais de la justice, dans la commune de la Gombe. C'est la décision de la Haute Cour Militaire siégeant en chambre foraine, ce vendredi, au lieu du meurtre, donc au centre de santé de référence Vijana.

Après le rejet d'exception soulevée par la partie du prévenu Serges Kamanda, chauffeur du ministre Dolly Makambo Nawezi, la Cour a demandé la poursuite de l'instruction.

Les prévenus Dolly Makambo et son chauffeur se sont contredits à la barre sur le fait d'avoir donné l'instruction de visiter la parcelle de l'hôpital ou pas.

« C'est le chauffeur de ma suite. Il travaille pour moi depuis que je suis ministre. Mais je l'utilisais occasionnellement pour d'autres tâches quand j'étais bourgmestre. Je ne lui ai jamais demandé de se rendre dans la parcelle de l'hôpital. Il m'a appelé pour me signaler qu'il a fait un tour au centre de santé et qu’il y a du désordre. Je lui ai dit que j'appelle la police. J'ai appelé le général Sylvano Kasongo, il n'a pas pris le téléphone. J'ai appelé son vice, il m'a dit qu'il envoie le renfort tout de suite. 10 minutes plus tard, le général Kasongo m'a appelé pour me dire "les policiers que vous avez envoyés là-bas ont tué" et je lui ai dit je n'ai envoyé personne », a dit Dolly Makambo.

Dolly Makambo, ministre provincial de l'Intérieur, de la Sécurité, de la Décentralisation et des Affaires coutumières, deux policiers et leur chauffeur comparaissaient, ce vendredi 1er novembre, dans le cadre de l’audience ouverte la veille dans le procès en procédure de flagrance du meurtre, mercredi, de l’administrateur du centre de santé Vijana, à Kinshasa.

Dolly Makambo était déjà auditionné par l’auditorat militaire la veille et l’instruction s’était poursuivie sur le site de l’hôpital.

Une centaine de personnes ont fait le déplacement sur lieu du meurtre (centre de santé de référence Vijana) pour suivre l’audience qui est également couverte par quelques médias. Une dizaine de membres de la famille de la victime étaient également présents. 

Les faits mis à la charge du ministre

A ce niveau d’information, il est mis à la charge du ministre le fait d’incitation des militaires à commettre des actes contraires à leurs devoirs, le fait d’assassinat et le fait de torture, d’après la défense de Dolly Makambo qui soutient qu’elle n’a pas accès aux pièces du dossier.

La ligne de défense du ministre 

Pour sa part, Me Théodore Ngoy Ilunga wa Nsenga, qui a rejoint l’équipe de défense de Dolly Makambo, a expliqué à ACTUALITE.CD ses motivations : « Une fois de plus, je déplore ce qui s’est passé, mais pour m’assurer que Monsieur Makambo soit jugé dans le respect du droit, pour qu’on ne fasse pas de cela un procès politique au détriment de la vérité judiciaire, j’ai accepté d’être le conseil ».

« Nous savons qu’il y a un policier qui a tiré sur un citoyen et cela est très grave. Nous déplorons tous cela. Tous ceux-là qui ont concouru à ce que cela arrive doivent être jugés. Est-ce que Dolly Makambo a une responsabilité pénale ? Certains peuvent trouver une responsabilité politique, maintenant il faut prouver la responsabilité pénale. Quand est-ce qu’il a incité le policier ? Est-ce que l’incitation était flagrante ? Est-ce qu’on l’a trouvé en train de poser des actes en flagrance pour inciter les gens ? Celui qui a commis cet acte-là, c’est celui-là qui doit être poursuivi en procédure de flagrance, pas le ministre », a-t-il ajouté.

Pression et action politique

La machine législative s’est enclenchée rapidement. Le député Osée Badibanga de l’Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS), président de la commission politique, administrative et juridique de l’Assemblée provinciale de Kinshasa, a déposé une question orale avec débat lui adressée. Aussi, l’Eglise du Christ au Congo (ECC), le plus grand regroupement des églises protestantes du pays, a demandé à l’APK d’initier une motion contre le ministre. Pour sa part, le Front Commun pour le Congo (FCC) dont est membre Dolly Makambo déplore le meurtre de l’AG de Vijana et exige toute la lumière sur ce dossier ainsi que des poursuites judiciaires. 

Auguy Mudiayi