Ruth Bondo, la gardienne de but qui rêve de coacher les hommes

Ruth Bondo, la gardienne de buts qui rêve de coacher les hommes

Au départ, il y a un rêve, celui de fouler le gazon et de faire carrière dans le football. Seule ombre au tableau, la réticence de ses parents mais la gardienne de but du Club Bilenge de Ngiri-Ngiri est tenace et s’accroche à son rêve et ses crampons.  Portrait

Ruth Bondo, la gardienne de buts qui rêve de coacher les hommes

Elle était à peine âgée de huit ans quand elle a commencé à shooter dans un ballon au sein d’une équipe de garçons. "Dans mon quartier il y avait un club de joueuse.  A 8 ans, j’allais assister à toutes leurs séances d'entraînements. Il m'arrivait de jouer au football avec certains garçons de mon quartier. D’ailleurs le coach me demandait constamment d'intégrer son équipe.” 

Mais le rêve se transforme rapidement en cauchemar quand son père découvre qu’elle veut embrasser une profession où très peu de femmes arrivent à percer. “Aller en cours et ensuite passer des heures à m’entraîner, cela n’a pas plus à mon père. Au fil de ma détermination, il a fini par comprendre. Mais je me rappelle tout de même  de la fois où il  est entré dans une colère noire.... il a brûlé mes vareuses et mes bottines” se souvient la jeune femme qui confie qu’au fil du temps, son père a fini par la soutenir.   En 2010, Ruth va intégrer le Club Bilenge de Ngiri-Ngiri, ce qui lui ouvre la porte aux nombreux prix et médailles.Au sein du club Bilenge, je jouais pour le 11 et le 7(attaquant). Lors des préparatifs du tournoi Airtel 2013, la gardienne de l’équipe a voyagé. C’est ainsi que je vais prendre sa place. J’ai presté sans encaisser de buts pendant deux ans. Mon équipe avait remporté tous les prix. C’est à ce moment là que j’ai décidé de poursuivre mon rêve de gardienne de but.

“Le sport a transformé ma perception de la vie”

Ruth Bondo a changé, c’est du moins ce qu’affirment les membres de sa famille. “Personne ne pouvait s’en prendre à moi. j’étais très turbulente. Jusqu’à l’école secondaire, je me battais torse nue aux coins des rues.  Mais, le sport a transformé ma perception de la vie. J’ai désormais des principes à respecter, je suis devenue plus calme, je sais gérer mes émotions.” 

Ruth a gagné 3 médailles et un trophée de la meilleure gardienne au Tournoi Airtel 2013- 2015 et un brevet de la Linafoot en 2016. “A chaque fois que je suis sur le  terrain, je pense à mon équipe. Je pense à ce que nous serons après avoir perdu un match. Je pense aux entraînements et aux paroles du coach. Je ne pense qu’à remporter un prix,”  confie-t-elle.

Coacher une équipe masculine, l’autre rêve de Ruth

Ruth a commencé par être attaquante, elle est devenue gardienne et aspire à devenir coach d’une équipe masculine. “Je rêve de devenir coach des grandes équipes masculines au niveau international. J’ai déjà entamé le processus de création d’une équipe de football. D’ici au mois de juillet 2020, je dois avoir mon équipe.” 

Ruth Bondo, la gardienne de buts qui rêve de coacher les hommes

Son attirance pour le football masculin n’a jamais été un obstacle ni un motif pour remettre en cause le fait d’être une femme.“Je suis heureuse d'être une femme. La vie d’un homme est vraiment différente de celle d’une femme. Il y a des obstacles qu’un homme doit surmonter, mais une femme peut s’en passer. Et vice-versa. Je suis une femme et fière d’exercer ce métier.” 

Ruth Bondo s'entraîne pendant au moins trois heures par jour au même titre que les gardiens hommes. Elle plaide pour une requalification du métier des femmes sportives congolaises ainsi que la considération du football féminin.

Prisca Lokale