RDC : Les attaques se multiplient contre les sites des déplacés à Djugu, Tshisekedi avait décidé que « l’armée y restera jusqu’au jour où il n’y aura plus de coup de feu »

Photo ACTUALITE.CD.

Au moins 34 civils ont été tués en moins de dix jours au cours des différentes attaques armées dans les localités du territoire de Djugu (Ituri). L’attaque a visé notamment les sites des déplacés.

Le 11 septembre 2019, sept personnes ont perdu la vie dans une attaque menée contre un site qui héberge plus de 1500 déplacés internes, au village Loku, situé à 7 km du centre commercial de Bule, dans la chefferie de Bahema Badjere.

« Le site n'est pas sécurisé alors que nous sommes dans une zone rouge », avait dit à ACTUALITE.CD, Jean Richard Kondelenga, chef de la chefferie de Bahema Bajere.

Le 12 septembre, deux personnes ont été tuées dans une autre attaque au village Lokpa, 24 personnes étaient enlevées.

Le 19 septembre, une nouvelle attaque d’hommes armés a fait 14 morts dans les rangs des civils au village Dar situé à 5 km du centre de négoce Bule.

Et mercredi 18 septembre, trois localités ont subi des attaques dans la chefferie de bahema nord. Un site de déplacés a une fois de plus était ciblé.

« Ils ont d'abord attaqué un site de déplacés à Bluka Roo, ils ont tiré plusieurs balles et deux personnes ont été tuées avant l'intervention de l’armée et des casques bleus. Quelques heures plus tard, ils ont attaqué le village Ndooki, où ils ont sauvagement tué dix personnes et pillé plus de 300 chèvres. Ils n'ont pas malheureusement limité leurs opérations, ils ont attaqué le village Pkatiz et incendié 7 maisons et enlevé plus de 14 personnes. », a expliqué Charité Banza, président de la société civile de Djugu.

Les attaques armées refont surface dans le territoire de Djugu après un calme relatif observé suite à une offensive de l’armée menée en juillet contre les assaillants dirigés, d’après les autorités sécuritaires, par un certain Ngudjolo.

Félix Tshisekedi avait séjourné fin juin en Ituri et s’était même rendu jusqu’à Djugu. Il avait décidé que l’armée « restera à Djugu jusqu’au jour où il n’y aura plus de coup de feu ». Mais cette décision semble ne pas apporter la paix aux communautés locales qui font face à des nouvelles attaques.

La MONUSCO a condamné jeudi les attaques à Djugu particulièrement contre les déplacés.

Les violences armées avaient resurgi, en avril dernier, dans le territoire de Djugu. L’armée avait identifié un certain « Ngudjolo » comme le chef de la milice dont les hommes opèrent dans plusieurs localités de Djugu et dans la chefferie de Mokambo, en territoire de Mahagi. Elle avait même affirmé que la milice était anéantie après la conquête du bastion des miliciens, situé dans la forêt Wago, suite à l’opération « Zaruba ya Ituri (Ndlr : la tempête de l’Ituri) ». 

Mgr Dieudonné Uringi, évêque du diocèse de Bunia, avait dénoncé, pour sa part, l’existence d’une « secte mystico-religieux » dénommée CODECO, qui encourage les violences ayant déjà fait des centaines de morts dans le territoire de Djugu.

Le territoire de Djugu avait déjà été secoué par des violences meurtrières en 2017 et 2018. Plus de 200 civils avaient été tués, des villages entiers incendiés et plus de 2000 personnes avaient traversé le lac Albert pour vivre en Ouganda. Des centaines de déplacés internes, arrivés à Bunia, étaient installés autour de l’hôpital général. Cette année, le HCR a dénombré plus de 300 000 personnes qui ont fui les violences depuis début juin dans les territoires de Djugu et Mahagi.

Patrick Maki