Rentrée littéraire à Kinshasa : la Place Victoire transformée pour l’occasion à un grand marché du livre

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La Place Victoire, au quartier Matonge, dans la commune de Kalamu, est un grand carrefour de la ville de Kinshasa. C’est ici que se trouve également la Place des artistes, lieu choisi pour accueillir la 4ème édition de la rentrée littéraire.

Ce marché littéraire organisé par le Centre Wallonie Bruxelles de Kinshasa, du 12 au 15 septembre, réunit auteurs, éditeurs, diffuseurs, libraires, imprimeurs, bibliothécaires et lecteurs répartis dans plusieurs stands. Sur les tables ou à même le sol, les livres ornent cet espace : un vrai régal pour les amoureux de la littérature et une occasion de séduire les moins passionnés.

Les écrivains et éditeurs profitent de l’opportunité pour faire connaître les problèmes auxquels ils font face. L’Association Nationale des Éditeurs et Diffuseurs du Livre (ANEDIL) est représenté par son vice-président, Makolo Bertin. Auteur et éditeur, il insiste sur le coût élevé des livres qui est dû, selon lui, à la non adoption de la politique nationale du livre par l’Assemblée nationale.

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« Nous sommes contents de cette célébration du livre. Nous pensons qu’avec tout ce qui se fait maintenant, nous pouvons arriver à produire une Foire nationale du livre de façon à faire participer toutes les provinces. Dans deux ans, trois ans, Dieu voulant, nous organiserons une Foire internationale. C’est une occasion pour tous ceux qui interviennent dans la chaîne du livre de se rencontrer, se connaître et se soutenir dans la production du livre de façon que le livre coûte moins cher dans sa production et dans sa circulation. Le livre coûtera moins cher dans notre pays le jour où on adoptera la Politique nationale du livre dont l’avant-projet se trouve déjà à l’Assemblée nationale », a-t-il dit. 

Floribert Banshipe, poète et essayiste, lance un appel à tous les gens de bonne volonté d’aider les écrivains dans la conservation de la culture congolaise à travers les écrits.  

« Celui qui écrit un livre, espère donner des solutions aux problèmes posés. Mais comment donner solution aux problèmes si les gens concernés ne s’intéressent pas à ce que nous faisons ? L’Etat nous a abandonné à notre propre sort. Même si nous avons toute la volonté du monde, mélangée à notre passion pour la littérature, nous n’arriverons pas à faire grand-chose sans l’encouragement de notre Etat. Nous profitons de cette occasion pour lancer un appel au soutien des écrivains congolais par tout celui qui peut, non seulement l’Etat mais aussi les citoyens, ceux qui aiment la lecture, pour faire connaître notre culture. Nous sommes-là en tant qu’écrivains pour accompagner cette activité qui nous concerne au plus haut niveau », confie Floribert Banshipe.

L’écrivain Kadima Mpoyi vient de Kananga, chef-lieu de la province du Kasaï Central. Il amène avec lui les publications d'autres auteurs de sa ville à cette célébration du livre qui, pour lui, est une première. Il rêve d’une littérature congolaise qui soit enseignée dans les écoles et dans les établissement universitaires.

« C’est une bonne chose, c’est la première fois pour moi, mais je crois que c’est une opportunité pour nous, les écrivains, de nous faire connaître et de vendre aussi nos publications. Mon plus grand rêve est que nous soyons lus, non seulement par le grand public mais aussi dans les écoles et les universités. Vous voyez que nous publions généralement sur notre culture, mais nos livres ne sont pas pris en charge dans les écoles, les élèves et les étudiants ne nous connaissent pas suffisamment. On fait encore appel à des cultures étrangères alors que, nous, nous parlons Congo. Que l’Etat nous aide afin que nos publications soient mises à la portée de tous ceux qui apprennent, en commençant par les enfants de l’école primaire jusqu’à l’université », a ajouté cet écrivain kanangais. 

Cette première journée de la rentrée littéraire a connu la présence de quelques autorités de la ville de Kinshasa, de la commune de Kalamu et de l’Union Européenne. Le marché du livre se poursuivra jusqu’au dimanche 15 septembre.

Thérèse Ntumba