Les médecins de Butembo ont décidé ce mardi 13 août de suspendre leur mot d'ordre de grève partielle lancé le weekend dernier pour exiger la mise en liberté provisoire ou en résidence surveillée de leurs trois collègues arrêtés dans le cadre des enquêtes sur le meurtre de l'épidémiologiste de l'Organisation mondiale de la santé (OMS), abattu en avril dernier à Butembo.
Dans un communiqué parvenu à ACTUALITE.CD, la cellule locale de l'ordre des médecins de Butembo justifie cette prise de position par des « avancées significatives » qu'elle dit avoir noté, au terme des démarches entreprises auprès des autorités locales, le magistrat instructeur, les médecins concernés et leurs familles.
« Après l'inventaire, nous notons des avancées significatives : les conditions de liberté provisoire et/ou de résidence surveillée sont définies et mises en marche, le confrère malade est transféré dans un hôpital de la place où il a commencé à bénéficier des soins. Ainsi, nous, membres de la corporation de la cellule de Butembo, soucieux du bien-être de la population, ayant pris en compte la situation de l'épidémie face à la maladie à virus Ébola, aujourd'hui urgence de portée internationale, décidons : de la suspension du mot d'ordre de la grève, de la mise en place d'une équipe de suivi pour la matérialisation des promesses de la mise en liberté provisoire et/ou résidence surveillée », peut-on lire dans leur communiqué.
Entre-temps, il n’y aura donc pas de grève des médecins au sein des structures sanitaires de Butembo, comme ils la projetaient en ce début de la semaine. Les médecins demandent aux autorités de faire diligence pour l'organisation du procès afin de clarifier les choses dans un délai raisonnable.
« Nous ne nous inscrivons pas en faux contre la procédure judiciaire, ni publicité, ni pression contre justice. Le souci était de sauvegarder la dignité des médecins détenus par rapport aux conditions et au lieu de détention », rappelle la cellule locale de l'ordre des médecins, rassurant dans la foulée que ses membres ont convenu de la « non obstruction de la justice ».
Les médecins sous le coup de la justice sont, notamment, les docteurs Mundama Witende, chargé de la prévention et contrôle des infections à l'antenne Grand-Nord de la division provinciale de la santé, Gilbert Kasereka, chargé de la transfusion sanguine, Sangala Hyppolyte, chargé de la supervision des activités médicales et de Paluku Luendo, tous des hauts cadres à la division provinciale de la santé. Si le premier est hors du pays, les trois derniers sont quant à eux aux arrêts à Butembo.
La semaine dernière, le colonel Kumbu Ngoma, magistrat instructeur de l'affaire a confirmé à ACTUALITE.CD que ces médecins arrêtés font partie de la cinquantaine de personnes déjà interpellées pour leur implication présumée dans le meurtre du docteur camerounais Richard Mouzoko lâchement abattu par des hommes armés assimilés aux miliciens mai-mai, en avril dernier, dans les enceintes de la clinique médicale de l'Université catholique du Graben (UCG) où il présidait la réunion d'une commission de la coordination locale de la riposte contre la maladie à virus Ébola.
Claude Sengenya