Les médecins, membres du Conseil national de l'ordre des médecins, cellule de Butembo, annoncent l'observance, dès ce lundi 12 août, des services minimum dans toutes les structures sanitaires pour exiger la mise en liberté provisoire ou en résidence surveillée de leurs quatre collègues arrêtés dans le cadre de l'enquête sur le meurtre de l'épidémiologiste de l'Organisation mondiale de la santé (OMS), le Dr Richard Valery Mouzoko Kiboung. Au terme d'une assemblée générale, tenue samedi dernier à Butembo, ils sont convenus d'exclure toutes les consultations externes si les autorités ne s'exécutent pas ce week-end.
"Nous disons aux autorités que nos confrères, c'est vrai ils sont détenus, mais nous exigeons qu'ils soient plutôt en résidence surveillée, à défaut de leur accorder une liberté provisoire. Nous poursuivons avec les négociations. Mais si le lendemain du 12 août, ils ne sont pas encore en liberté provisoire ou en résidence surveillée, et que l'audience publique (de leur comparution) n'est pas programmée, nous allons déclencher une grève en excluant d'abord toute les consultations externes. Cela signifie que tout malade qui vient pour les soins en ambulatoire, devra rentrer à la maison, on ne le soignera pas. Nous ne prendrons qu'en charge seuls les malades hospitalisés, et ceux qui viennent en urgence : si c'est une femme qui veut accoucher, on va la suivre, mais celui qui vient avec son maux de tête doit rentrer à la maison", a déclaré à ACTUALITE.CD le docteur Kalima Nzanzu, président de la cellule locale de l'Ordre des médecins.
Cette prise de position intervient après le premier ultimatum de grève sèche, lancé par les disciples d'Hippocrate, mardi dernier, en guise de solidarité avec leurs collègues sous le coup de la justice. Il s'agit notamment des docteurs Mundama Witende, chargé de la prévention et contrôle des infections à l'antenne Grand-Nord de la Division provinciale de la Santé, Gilbert Kasereka, chargé de la transfusion sanguine, Sangala Hypolite, chargé de la supervision des activités médicales, et de Paluku Luendo, tous des hauts cadres à la Division de la Santé.
Dans une déclaration à ACTUALITE.CD la semaine dernière, le colonel Kumbu Ngoma, magistrat instructeur de cette affaire, a signalé que seuls les trois derniers médecins sont aux arrêts à Butembo, le premier étant quant à lui hors du pays. Ce magistrat près la Cour militaire opérationnelle du Nord-Kivu a indiqué qu'ils font partie d'une cinquantaine de personnes déjà interpellées pour leur implication présumée dans le meurtre du docteur camerounais Richard Mouzoko, lâchement abattu, par des hommes armés assimilés aux miliciens, le 19 avril dernier, dans l'enceinte de la clinique médicale de l'Université catholique du Graben (UCG) où il présidait une réunion de la commission "Recherches actives" de la coordination locale de la riposte contre la maladie à virus Ébola."
"Les présumés auteurs matériels ont cité deux médecins et, l'un des médecins cités a, à son tour, cité deux autres. Hier (mardi 6 août, Ndlr) j'ai fini avec la confrontation de trois médecins qui sont en état d'arrestation ici, à Butembo, l'autre (le 4ème) est invisible. Donc présentement, nous avons trois médecins arrêtés", avait confirmé à ACTUALITE.CD le colonel Kumbu Ngoma Marcel.
Ce magistrat instructeur indique être "vers la fin des enquêtes" et signale avoir transmis son rapport à sa hiérarchie pour la saisine de la Cour militaire opérationnelle du Nord-Kivu pour la tenue du procès. Il n'a toutefois pas précisé le délai que pourra prendre la procédure.
Claude Sengenya