Véritable fléau, qualifié de crime socio-économique par la Société Nationale d’Electricité (SNEL), le vol des fils conducteurs en cuivre pur est monnaie courante sur la ligne haute tension sur le tronçon Likasi-Lubumbashi, longue de 150 km, dans la province du Haut-Katanga, sur la route nationale numéro 1 (RN1). 2800 mètres des câbles fabriqués par la précieuse matière ont été emportés et 5 pylônes sont en danger d'affaissement depuis le début de ce phénomène qui date de près de 6 ans. Le dernier de cas de vol a été enregistré dans la nuit du lundi 29 au mardi 30 juillet dernier, c'est-à-dire en début de cette semaine.
Les voleurs, armés, ont réussi à effondrer un pylône au niveau du village Santumba, dans le territoire de Kambove, à une quarantaine de kilomètres de la ville de Likasi. Ils étaient parvenu à couper 600 mètres de câble du cuivre pur avec comme mission de venir le récupérer après. Alors qu’ils s'apprêtaient à passer à l’acte 2, deux malfrats sont tombés dans les filets des services de sécurité déployés dès le déclenchement de l'opération à partir de Likasi.
« Ils sont arrivés vers 16 heures sur une moto. Ils ont commencé à parler au téléphone en disant que nous sommes arrivés à 55 (kilométrage entre Lubumbashi et le village Shilatembo 2, territoire de Kambove, Ndlr). Donc ils avaient envoyé leurs éclaireurs pour savoir si les militaires sont là ou non. Ils ne nous avaient pas vu au moment où nous passions pour contrôler les câbles coupés. Quand je les ai vus, j’ai directement caché mon arme dans ma jaquette et je suis allé vers eux en leur demandant qu’est-ce qu’ils cherchent mais ils n’avaient pas de réponse fixe, tantôt ils attendent un malade, tantôt ils attendent quelqu’un qui proviendra de Lubumbashi. Je les ai arrêtés et mon chef m’a dit de les emmener à 45 (kilomètres entre Lubumbashi et le village Shilatembo 1, territoire de Kambove, Ndlr). Quand nous avions atteint le village, les villageois voulaient les brûler vifs mais je les ai sauvés », témoigne à ACTUALITE.CD un militaire au niveau du village Shilatembo 1 où les deux présumés voleurs, d’une vingtaine d’années, ont été auditionnés avant de leur transfèrement au chef-lieu du Haut-Katanga.
La SNEL appelle la population à dénoncer les inciviques, les démolisseurs, et demande au gouvernement de ranger ces actes de vandalisme au même niveau que les crimes contre l’humanité et économiques.
« Nous vivons ensemble avec ces voleurs dans nos quartiers. La population doit les dénoncer. Nous faisons appel à la population à pouvoir les dénoncer, de ne plus les supporter. Les conséquences ce n’est pas seulement au niveau de la SNEL. Je demande au gouvernement de ranger ça dans le cadre de crime contre l’humanité et crime économique aussi », a déclaré Lucien Mbuya, chef de division poste de Likasi.
La SNEL a, pour pallier la situation, commencé le remplacement de ces câbles en cuivre par ceux en aluminium pour décourager le vol, explique la société. 1200 sur les 2800 mètres volés sont déjà remplacés. Pour sécuriser la ligne, les forces de sécurité sont déployées le long de la ligne et, dans certains endroits, les villageois sont mis à contribution. Un budget de 32 millions de FC est alloué chaque mois par la SNEL pour motiver les surveillants. Selon les chiffres avancés par la direction de transport sud de la SNEL Katanga, 26 millions de dollars ont été dépensés durant la période du vol sur les lignes haute tension 41 et 61 (Likasi-Fungurume et Likasi-Lubumbashi, Ndlr). Pour remplacer un pylône, il faudra débourser une somme avoisinant 100.000 dollars et les travaux peuvent durer jusqu’à 6 jours.
Fonseca Mansianga, depuis Likasi