Goma : Au lendemain d’un triple meurtre à Buhene, la population déplore l’inaction des forces de l’ordre et de sécurité

Photo ACTUALITE.CD.

La localité de Buhene s’est réveillée ce jeudi 18 juillet dans le calme, au lendemain d’une manifestation de colère de ses habitants pour protester contre les tueries de trois civils par des hommes en armes dans la nuit de mardi. Les habitants de cette contrée déplorent l’activisme aigu des hommes armés alors que l’armée et la police y ont des effectifs suffisants.

Certains témoins disent ne pas comprendre que les trois personnes soient tuées à proximité des campements militaire et policier.

« Nous ne savons pas si ces policiers sont là pour amener des corps à la morgue ou pour sécuriser la population et ses biens. Nous avons plutôt besoin des forces spéciales qui doivent nous garantir la paix et la sécurité », déplore Bwanapuwa, un jeune du coin.

Buhene est en limite entre la ville de Goma et le territoire de Nyiragongo (Nord). Les agents de l’ordre et de sécurité sont accusés de se transformer en bourreaux.

« Le soir quand nous rentrons à la maison, ces policiers nous tracassent. Ils nous font asseoir par terre et nous dépouillent de tous nos biens. C'est quand ils se livrent à ces bévues que les bandits pillent et tuent des civils non loin d'eux », accuse un autre jeune qui affirme avoir été victime de ces actes il y a une semaine.

Parmi les personnes tuées mardi, il y a Trésor, un jeune mécanicien tué par balle. Sa famille dit être la cible des bandits armés.

« Ils sont 15 dans la famille. Nous ne restons qu'avec 14 enfants. D'ailleurs nous avons appris que ces bandits ont déjà établi une liste des personnes à tuer dont mes enfants », témoigne la tante du défunt Trésor.

La société civile du Nord-Kivu se dit consternée par ce énième cas de meurtre dans cette même entité en l'espace de moins de trois mois. Placide Nzilamba, un des membres de la coordination provinciale de la structure citoyenne au relèvement des toutes les unités affectées dans la zone.

« Le parking de Kihisi (à Buhene) est investi par les militaires PM (Police Militaire). Au niveau de vision 20/20, il y a des policiers et des PM. À Don Bosco Ngangi, il y a un poste de police. La chefferie de Munigi a un autre poste de police. Voilà le triangle dans lequel les bandits opèrent et d'ailleurs ce soir-là, à quelques mètres du lieu où les gens ont été fusillés, cinq policiers étaient en train de faire la ronde et extorquer les biens de la population. Nous pensons qu'il faut remplacer toutes les unités de la police et des militaires qui sont affectées à Buhene. Il faut aussi refaire la gouvernance locale. Puisqu'il y a des chefs d'entités ici qui ne sont là que pour des commissions des parcelles, ils ne savent même pas identifier qui est visiteur dans l'entité », explique Placide Nzilamba, membre de la coordination de la société civile du Nord-Kivu.

L'armée n'a pas voulu se prononcer sur ces nouvelles tueries. Il y a trois mois, une autre incursion des bandits armés avait fait trois morts au même endroit. Trois autres personnes enlevées par les assaillants ne sont jamais retrouvées.

Jonathan Kombi