RDC : Le programme du gouvernement provincial de l’Ituri chiffré à près de 900 millions USD

Le gouvernement de l’Ituri (nord-est) a été investi le vendredi 12 juillet 2019 par l’assemblée provinciale. Le programme quinquennal présenté aux députés provinciaux par le gouverneur Jean Bamanisa est évalué à 1.408.305.635.000 FC (Mille milliard quatre cent huit milliard trois cent cinq millions six cent trente-cinq mille) soit 859.924.724 USD (Huit cent cinquante-neuf millions neuf cent vingt-quatre mille sept cent vingt-quatre dollars).

Le programme présenté jeudi dernier a été approuvé le lendemain par les députés provinciaux après les réponses de M. Bamanisa aux préoccupations des élus relatives au budget. Ce dernier est axé sur quatre piliers à savoir : « la bonne gouvernance et la restauration de l’autorité de l’Etat ; la diversité économique et l’accélération de la croissance économique ; l’accès aux services sociaux de base et au capital humain ; l’environnement et le changement climatique ».

• Bonne gouvernance et la restauration de l’autorité de l’Etat

Pour ce pilier, le budget prévoit 93.727.750.000 FC (quatre-vingt-treize milliards sept cent vingt-sept millions sept cent cinquante mille Francs Congolais) soit 57.231.402 USD (Cinquante-sept million deux cent trente un mille quatre cent deux dollars) pour notamment :

« appuyer les services étatiques de maintien de l’ordre public et de la sécurité (FARDC, PNC, ANR et DGM) dans les opérations de pacification des Territoires de la Province ; l’observatoire de lutte contre la corruption ; le programme DDR sur l’ensemble de la Province et la Ville de Bunia avec un accent particulier dans les Territoires soumis à l’activisme des groupes armés notamment Mambasa, Irumu et Djugu ; le dialogue et le cadre de concertation pour la prévention des conflits ; créer l’observatoire pour la Paix, organe permanent de suivi et qui sera composé des responsables des Eglises et des Leaders de la Société civile ; recenser les personnes déplacées et réfugiées ; renforcer le Partenariat Public-Privé au niveau de toutes les entités, etc ».

• Diversité économique et l’accélération de la croissance économique

En revanche, 1.217.008.320.000,00 CDF (Un billiard deux cents dix-sept milliards huit-millions trois-cents vingt mille) soit 743.121.361 USD (Sept cent quarante-trois millions cent vingt un mille trois cent soixante un dollar) sont projetés pour réaliser le deuxième pilier. Jean Bamanisa, également homme d’affaires, compte développer l’économie de l’Ituri, riche province en Or. Ici, les ambitions visent entre autres à :

« Elaborer les plans d’aménagement des entités de la Province en conformité avec le plan général d’aménagement ; Régulariser et sécuriser les titres fonciers des concessions et propriétés foncières ; Elaborer et amorcer l’exécution d’un programme quinquennal de construction des logements sociaux ; Recouvrer effectivement et régulièrement les 40% du à la Province par le FONER ainsi que les taxes conventionnelles pour les financements des Projets d’entretiens des infrastructures routière ; identifier et créer les zones économiques spéciales dans toutes les agglomérations socioéconomiques ainsi que les plates-formes logistiques aux postes frontaliers de la Province, notamment à Aru, Kasenyi et Mahagi-port, etc ».

• Accès aux services sociaux de base et au capital humain

Pour ce troisième pilier, l’Ituri compte mobiliser 34.888.325.000 FC (Trente-quatre millions huit cents quatre-vingt-huit mille trois cent vingt-cinq mille) soit 21.303.272 USD (Vingt un million trois cent trois mille deux cent septante deux dollars). Pour cela, le gouvernement provincial s’engage à :

« Organiser les activités d’encadrement des jeunes dans chaque territoire ; promouvoir l’entrepreneuriat des jeunes dans les domaines de l’agriculture, l’élevage, la pêche, l’assainissement et la promotion de l’environnement, les droits humains, le business, la sensibilisation à la nouvelle citoyenneté, la formation en métiers et artisanat, l’informatique et la formation en management des organisations; redynamiser le parlement des jeunes ; Développer les industries culturelles et améliorer les possibilités d’accès de nos produits culturels et artistiques aux marchés tant local, national qu’international, etc ».

• L’environnement et le changement climatique 

Ce pilier a droit à 8.681.240.000 FC (Huit millions six cent quatre-vingt-un mille deux cent quarante mille FC) soit 21.303.272 USD (Vingt un million trois cent trois mille deux cent septante deux dollars). L’Ituri s’étend sur 65.658 km² dont plus au moins 33.000 km² est couverte de la forêt principalement dans les Territoires de Mambasa, d’Irumu et de Djugu d’une part, et une partie savanicole d’importance agricole vers le territoire d’Aru et Mahagi d’autre part. Ce dernier pilier est séquencé en trois secteurs à savoir : la conservation de la nature, l’assainissement de l’environnement et le tourisme.

Les actions à réaliser sont entre autres : « sensibiliser la population des milieux urbano-ruraux sur le reboisement ; répertorier et mettre en valeur les différents sites faunique, forestière, culturel et traditionnel à travers la province ; protéger de manière intégrale les zones de frayère et procéder au balisage du lac Albert ; reboiser la chaîne des Monts bleus et les cordons boisés à travers la province ; appuyer et aménager les sites de décharges ; appuyer l’implantation des poubelles publiques ; redynamiser et appuyer la Brigade d’assainissement ; Elaborer un plan directeur Provincial du secteur du tourisme ; réhabiliter et/ou créer les sites touristiques de la province ; créer un jardin zoologique dans la ville de Bunia, etc ».

Contexte

Les violences armées ont resurgi en avril dernier dans le territoire de Djugu. L’armée a identifié un certain « Ngudjolo » comme le chef de la milice dont les hommes opèrent dans plusieurs localités et dans la chefferie de Mokambo en territoire de Mahagi. 

Mgr Dieudonné Uringi, évêque du diocèse de Bunia, a dénoncé pour aussi, l’existence d’un secte mystico-religieux dénommée CODECO  encourageant les violences qui ont déjà fait plus d’une centaine de morts dans le territoire de Djugu. L’armée a annoncé dimanche avoir démantelé ce groupe armé après les offensives menées depuis le 27 juin pour la conquête du bastion des miliciens situé dans la forêt Wago dans le cadre de l’opération « Zaruba ya Ituri (Ndlr : la tempête de l’Ituri) ». 

Le territoire de Djugu avait déjà été secoué par des violences meurtrières en 2017 et 2018. Plus de 200 civils étaient tués, des villages entiers incendiés et plus de 2000 personnes avaient traversé le lac Albert pour vivre en Ouganda. Des centaines de déplacés internes arrivés à Bunia étaient installés autour de l’hôpital général. Cette année, le HCR a dénombré plus de 300 000 personnes qui ont fui les violences depuis début juin dans les territoires de Djugu et Mahagi.

Patrick Maki