Ituri : Environ 100 cas de rougeole recensés dans le camp des déplacés de Djugu à Bunia, le vaccin se fait attendre

ACTUALITE.CD

96 cas de rougeole ont été confirmés parmi les déplacés de Djugu vivant dans un camp de fortune à proximité de l’hôpital général de référence de Bunia. C’est ce qu’a rapporté mercredi le gestionnaire de camp, Ignace Bingi qui indique que l’ONG Médecins sans frontières (MSF) a fini le recensement des malades la semaine dernière.

La plupart des malades sont âgés de 0 mois à 10 ans. « Le MSF s’est déployé sur terrain. 96 enfants sont déjà identifiés malades de la rougeole, le MSF construit déjà un site d'isolement à l'hôpital général pour leur prise en charge médicale. En majorité ce sont les enfants dont l'âge varie entre 0 mois et 10 ans », a dit Ignace Bingi.

Le même gestionnaire de camp a annoncé cette semaine le décès de 19 personnes parmi les déplacés suite à la rougeole. Ces décès ont été enregistrés en l’espace d’une semaine. M. Bingi dit redouter le pire si rien n’est fait.

« Nous demandons à une équipe médicale de venir sur terrain pour investiguer sur d’autres maladies à part la rougeole pour réduire le taux de décès car nous enregistrons au moins 3 morts par jour, c'est possible qu'on ait une autre épidémie », plaide-t-il.

Plus de 10 000 déplacés vivent dans le camp situé près de l'hôpital à Bunia. D’autres déplacés sont sur le site de l’Institut supérieur pédagogique (ISP/Bunia).

Fin juin, l’ONG internationale Médecins Sans Frontières (MSF) a lancé un appel à la mobilisation médicale humanitaire pour répondre aux multiples crises qui secouent la province de l’Ituri notamment dans les territoires de Djugu, Irumu et Mahagi. MSF se plaignait que malgré plusieurs appels à la mobilisation pour une aide internationale, des milliers des personnes affectées par les conflits intercommunautaires, l’épidémie de rougeole et l’épique du paludisme n’ont toujours pas bénéficié d’une assistance.

Contexte

Les violences armées ont resurgi en avril dernier dans le territoire de Djugu. L’armée a identifié un certain « Ngudjolo » comme le chef de la milice dont les hommes opèrent dans plusieurs localités de Djugu et dans la chefferie de Mokambo en territoire de Mahagi. 

Mgr Dieudonné Uringi, évêque du diocèse de Bunia, a dénoncé pour sa part, l’existence d’une « secte mystico-religieux » dénommée CODECO  encourageant les violences qui ont déjà fait plus d’une centaine de morts dans le territoire de Djugu. L’armée a annoncé ce jeudi 27 juin la conquête du bastion des miliciens situé dans la forêt Wago, après deux jours d’intenses combats dans le cadre de l’opération « Zaruba ya Ituri (Ndlr : la tempête de l’Ituri) ». 

Le territoire de Djugu avait déjà été secoué par des violences meurtrières en 2017 et 2018. Plus de 200 civils étaient tués, des villages entiers incendiés et plus de 2000 personnes avaient traversé le lac Albert pour vivre en Ouganda. Des centaines de déplacés internes arrivés à Bunia étaient installés autour de l’hôpital général. Cette année, le HCR a dénombré plus de 300 000 personnes qui ont fui les violences depuis début juin dans les territoires de Djugu et Mahagi.

Franck Asante