Diplômé, administrateur, directeur général, avocat, ministre et fin négociateur... Alexis Thambwe Mwamba n'aura jamais chômé. Homme aux programmes chronométrés, discours quelquefois tranchant, Thambwe Mwamba recule difficilement.
Et dans ses vieux jours, à 76 ans d'âge, ce fils originaire du territoire de Kasongo dans la province de Maniema, a été investi par l'ex président Joseph Kabila comme candidat du Front Commun pour le Congo (FCC) pour la présidence du Sénat, le deuxième top job dans le système politique congolais.
Teint chocolat, voix timorée, modulée et caverneuse, Thambwe Mwamba né le 6 Mai 1943 à Longa est resté intraitable durant les jours difficiles du régime Kabila auquel il n'avait jamais adhéré formellement avant la création du FCC.
Il n'est, en effet membre d'aucun parti politique, bien qu'il roule pour le compte du clan Kabila.
Peu de choses sont connues sur cet ancien Mobutiste, opposant à Kabila père, proche de Jean Pierre Bemba avant de finir l'une des figures les plus en vue du régime de Joseph Kabila.
Père de sept enfants, il détient un long curriculum Vitae, incluant une expérience dans la gestion des entreprises tant publiques que privées.
Sous Mobutu, Il a occupé plusieurs fonctions administratives. Il a notamment été administrateur à la Société nationale des chemins de fer du Zaïre (SNCZ), à la Banque commerciale zaïroise (BCZ), au conseil d’administration des Instituts supérieurs congolais (CA-ISC) et à l’Association nationale des entreprises du Zaïre (Aneza).
Il a également occupé de hautes fonctions à la Compagnie financière et minière belge (Cofimines), à la Compagnie belge de gestion minière (Cogemin) et à la Société minière et industrielle du Kivu (Sominki), à l'époque troisième société minière du pays. C'est encore lui qui a été président délégué général de l’Office des douanes et accises (Ofida).
Il s'est vu désigné ambassadeur du Zaïre en Italie, avant d'être nommé ministre des Travaux publics, de l'Urbanisme, de l'Habitat, du Commerce extérieur et des Transports.
À la chute du dictateur en 1997, Thambwe quitte le pays, refuse de négocier avec le rebelle Laurent Désiré Kabila et se réfugie en Belgique.
Pour l'affronter, l'ancien proche de Mobutu pose ses valises au chef-lieu de la province du Nord-Kivu (Goma) aux cotés du rassemblement congolais pour la démocratie (RCD/Goma ), une rébellion soutenue par le Rwanda.
Le pays s'embrase. Kinshasa n'a de contrôle que sur une portion du territoire. Des seigneurs de guerre pillent les ressources du sous-sol dans l'Est du pays, une guerre civile éclate en Ituri.
Dans cette aventure peu élogieuse, Thambwe Mwamba a côtoyé ses anciens collègues Mobutistes , notamment Tryphon Kin Kiey Mulumba et Lambert Mende. Mais lors de la réunification, il quitte le RCD/Goma pour le Mouvement de libération du Congo (MLC) de Jean Pierre Bemba.
C'est sous les assailles de ce parti que Thambwe Mwamba regagne Kinshasa et se voit confier le ministère du plan. Mais l'aventure avec Bemba était de courte durée. En 2006, il décida pour des raisons de "convenance personnelle" de quitter le MLC et le ministère de Plan pour évoluer en électron libre.
De retour dans son fief Kindu , Thambwe Mwamba, se pointe candidat à la députation nationale et récolte des voix. Elu député national, il ne siégera que pour quelques mois, avant d'être nommé, en 2008, ministre des affaires étrangères par Joseph Kabila, un portefeuille qu'il contrôle jusqu'en 2012.
Lorsque Matata Mponyo est nommé premier ministre, Thambwe Mwamba disparait des radars, mais évolue dans l'ombre. En 2016, il revient encore dans l'équipe gouvernementale et prend le contrôle du ministère de la justice.
Alors que des sanctions pleuvaient sur les proches de Kabila, lui s'en est sorti indemne. Aucune sanction ne pèse sur lui, de quoi faciliter ses mouvements.
Certains de ses collègues ne peuvent plus fouler le territoire européen et les Etats-Unis. Une mauvaise aventure pour l'homme en passe de diriger le sénat remonte au 10 octobre 1998.
Ce jour-là, un avion de la Congo Airlines (CAL) est abattu en plein ciel avec 50 personnes à bord. Le lendemain, Thambwe Mwamba, alors chargé des relations extérieures au sein de la rébellion du RCD / Goma, commente les faits en revendiquant l'attaque pour le compte de la rébellion. Il n’avait pas de pouvoir militaire au sein de ce mouvement.
Pour la présidence du sénat, cet ancien mobutiste ne sera pas seul dans la course. Un allié ambitieux s'est pointé comme une mouche dans son lait. Pleurnichard modéré, Bahati Lukwebo (Sud-Kivu) dont le regroupement politique est la deuxième force politique au Sénat s'est rebellé contre sa plateforme, le FCC.
Après avoir raté d'être désigné candidat à la présidentielle, premier ministre, l'homme réputé pour ses "billets verts" tente sa chance au Sénat, sans la bénédiction de Joseph Kabila. Les deux candidats sont originaires d'une même région : Le Kivu.
Christine Tshibuyi