La deuxième plus grande confession religieuse de la République démocratique du Congo, l'Eglise du Christ au Congo (ECC), a appelé, ce jeudi 13 juin, à "diminuer sensiblement" la représentativité des politiques au sein de la Commission électorale nationale indépendante (CENI) pour la crédibiliser davantage.
"Il faudra qu'on puisse diminuer sensiblement la représentativité des partis politiques dans cette institution, sinon on va se retrouver dans ce que nous sommes en train de décrier aujourd'hui", a déclaré le pasteur Moïse Gbema, directeur de cabinet du président de l'ECC.
Des acteurs non indépendants à la manœuvre
Si la présidence de cet organe chargé d'organiser les élections est réservé aux confessions religieuses la vice-présidence est réservée au parti politique majoritaire au parlement et le poste de rapporteur à l'opposition.
Le rapporteur adjoint est issu de la Majorité, le questeur également de la Majorité et son adjoint émane de l’opposition politique.
Les sept autres membres prenant part à la plénière sont issus des organisations de la société civile et des partis politiques
"Nous regrettons tous quand nous avons des fils et filles envoyés à la CENI qui ne sont pas redevables devant l'Eglise. Là, il y a un problème", a déclaré le pasteur Maurice Mondengo, le chargé des relations et médias de l'ECC.
"Nous décrions tous la politisation de la CENI", a ajouté le même responsable.
"On veut utiliser l'Eglise comme casquette
"Ce n'est pas l'administration électorale qui pose problème (...) c'est la possibilité d'avoir une notoriété , l'indépendance d'agir qui pose problème. Il faut dépolitiser cette histoire. Ceux qui prétendent avoir été délégués par l'Eglise, combien de fois ont-ils rendu compte à l'Eglise", a déclaré le révérend Eric Senga, porte-parole de l'ECC.
"On veut utiliser l'Eglise comme casquette, mais ce sont des gens qui ont des casquettes des politiciens. Nous devons éviter ce genre de théâtre", a encore dit le porte-parole.
Les chefs de confessions religieuses sont en train de "préparer des textes et des mécanismes pour que celui qui sera là ne soit pas la marionnette du pouvoir", a annoncé Senga.
Ce, pour "qu'à la fin, le résultat qui sera donné à la CENI soit la responsabilité partagée des confessions religieuses", a-t-il souligné.
L'actuel bureau de la CENI est dirigé par Corneille Nangaa. Il avait été délégué par l'ECC. Son mandat et ceux de ses collègues prend fin dans quelques jours.
Sous sa houlette, les élections législatives et la présidentielle ont été organisées le 30 décembre 2018.
Félix Tshisekedi élu président, le FCC de Joseph Kabila est majoritaire dans les deux chambres du parlement et dans la majorité des Assemblées provinciales... les élections ont été soldées par des résultats controversés.
Depuis, l'actuel Bureau a refusé de publier les résultats détaillés des scrutins du 30 décembre.
Christine Tshibuyi