Nord-Kivu : En colère, les creuseurs artisanaux de Rubaya exigent le paiement de leurs minerais stockés par la SMB

Des creuserus manifestent à Rubaya / Ph. Jonathan Kombi

Les creuseurs artisanaux, réunis sous la coopérative des exploitants miniers artisanaux de Masisi (COOPERAMMA), ont manifesté, jeudi 2 mai 2019, dans le périmètre d'exploitation 4731 de la société minière de Bisunzu (SMB), situé à Rubaya ( Masisi), une cité minière à une cinquantaine de kilomètres de Goma, chef-lieu de la province du Nord-Kivu.

Ils revendiquent entre 4 et 5 mois d'arriérés de paiement de leurs minerais déjà stockés par la SMB, une grogne qui a fait remonter la tension au cœur de la cité. La marche des creuseurs est partie du bureau de leur coordination se trouvant dans le périmètre même de la mine.

Voulant s'adresser aux responsables de la SMB qui recevait leurs productions, les creuseurs se sont heurtés à un dispositif important de la garde industrielle. Les gardiens vêtus en tenue policière ont usé des gaz lacrymogènes pour disperser les protestataires. 

C'est ainsi qu'ils ont changé d'itinéraire et se sont dirigés au bureau du fonctionnaire délégué du gouverneur de province à Rubaya mais, cette fois, encadrés par la police des mines. 

" Nous voulons être remis dans nos droits. Que l'État la déguerpisse de nos champs parce que nous n'avons pas d'accords avec elle. Que SMB exploite là où elle a acheté et nous allons exploiter nos champs. Que l'État mène des enquêtes sur certains de nous qui ont déjà été tués, nos biens pillés et nos champs qui n'ont rien avoir avec le périmètre 4731 de la SMB. Nous demandons aussi aux représentants du gouvernement à faire respecter la décision du chef de l'État, celle de faire partir les policiers et les militaires des sociétés minières parce qu'ils nous font souffrir énormément", ont-ils exigé dans leur mémorandum lu par Kibogora Justin, leur coordonnateur. 

Le site minier de Rubaya compte à lui seul plus de 3 500 creuseurs hormis leurs dépendants (femmes et enfants notamment)

"SMB nous doit beaucoup d'argent. Selon nos statistiques, il y a 293 tonnes des minerais impayés et il y en a d'autres dans des centenaires que nous n'avons pas encore évacués. Le kg s'achète à 1.2 $ alors qu'auparavant c'était 1.6$. Faites-vous même les calculs", a ajouté Nshimiye Kibogora. 

Ces mêmes creuseurs artisanaux étaient dans la rue, le 18 avril dernier, pour les mêmes réclamations.  

"Je vous rassure que mon titulaire n'est pas ici. Il  est en train de suivre l'évolution de votre mémorandum auprès des autorités au niveau de la province. Il a été rencontrer le gouverneur et je suis persuadé que l'État est en train de tout faire pour que la solution soit trouvée", a dit Jackson Runura, fonctionnaire délégué adjoint du gouverneur à Rubaya.   

Lors de la campagne de sensibilisation sur la lutte contre la présence des enfants dans les mines contrôlées par la SMB et la COOPERAMMA, le 18 mars dernier au site de Bibatama, les creuseurs avaient formulé les mêmes revendications que celles de leurs pairs de Rubaya. 

 "C'est un problème qui est apparu avec la rupture du contrat de la SMB avec ITRI. ITRI a contribué très fortement  à pouvoir bloquer les exportations de la SMB en diffusant des messages très négatifs notamment qu'aujourd'hui la mine était porteuse des minerais de sang alors qu'on a signé un contrat dans la foulée avec le système géo traçabilité. Donc, aujourd'hui, effectivement, il y a eu des retards de paiement mais  est à noter aussi que vendredi dernier nous avons procédé au paiement d'une grosse partie des creuseurs qui avaient déjà apporté des minerais et donc ce retard de paiement est déjà dans la phase de rattrapage et devrait être finalisé dans les prochains jours", s'était ainsi justifié Loïc Bonduelle, directeur général adjoint de la SMB. 

Récit de Jonathan Kombi, à  Rubaya