Les voix s’élèvent de plus en plus pour dénoncer l’érection des dizaines de barrières illégales par les militaires sur les routes dans la province du Kasaï (centre du pays). Des sources de la société civile du Kasaï renseignent que les usagers routiers sont obligés de débourser jusqu’à 10 000 FC pour franchir les barrières.
Ces barrières localisées principalement dans le territoire de Tshikapa-Kamonya datent de la période des hostilités entre les forces armées congolaises et les miliciens Kamuina Nsapu dans la région du Kasaï alors déclarée « zone opérationnelle ».
« Les barrières sont sur tous les axes qui mènent vers l'intérieur de la ville de Tshikapa. C'est dans le territoire de Tshikapa-Kamonya. Depuis les évènements de Kamuina Nsapu, le chef de l'État avait pris une ordonnance déclarant le grand Kasaï comme une zone opérationnelle. C'est ainsi que les FARDC ont érigé des barrières sur tous les axes d'où proviennent les produits agricoles. Le passage à ces barrières est conditionné par le paiement de 5000 FC pour les traineurs des vélos appelés "Bayanda", 10.000 FC pour les conducteurs des motos, 1 000 FC pour les piétons et 200 FC pour les villageois », déclare à ACTUALITE.CD une source anonyme de la société civile du Kasaï.
Près de 16 barrières sont répertoriées sur la RN1 reliant Tshikapa à Kananga.
« Il y'a multiples barrières. Sur la nationale numéro 1 entre Tshikapa et Kananga, c'est environ 16 barrières tenues par des militaires FARDC pour la province du Kasaï alors que pour le Kasaï Central il y a 2 barrières à la limite du territoire de Tshikapa-Kamonya. De Tshikapa vers Kamako, il y'a 6 barrières, de Tshikapa vers Luebo presque 10 barrières, les 3 barrières qui sont entre Tshikapa- ville et Kabeya Kumbu on exige par moto 5 000 FC pour le passage », confirme une autre source de la société civile.
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Postes de contrôle et non barrières
L’armée réfute l’existence des barrières dans la région mais parle plutôt des postes de contrôle légalement établis dans le cadre de l’opération militaire. Selon le colonel Gervais Kambale, commandant du régiment des FARDC basé dans le territoire de Tshikapa-Kamonya, certains militaires « indisciplinés » profitent des postes de contrôle pour rançonner les usagers des routes.
« Les barrières n'existent pas. Il n'y a que des postes de contrôle où l'on a placé les militaires. Ce sont les gens qui ont dévié leur mission en transformant les postes de contrôle en barrières. Et nous sommes en train de travailler sur ça. Je suis en train de faire un regroupement de tous les militaires des postes de contrôle parce que les postes d'observation ou de contrôle sont différents des barrières. Les postes de contrôle sont gérés par les services de renseignement et non par des militaires en treillis. Donc, les militaires qui s'y trouvent doivent être retirés. On continue à travailler sur ça parce que les gens se plaignent que les militaires aient érigé des barrières. C'est contraire à la mission des FARDC. Les contrevenants seront déférés devant la justice. Il y'a la Justice militaire qui fera son travail », a réagi à ACTUALITE.CD le colonel Gervais Kambale.
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« Ça va aller, je viens de faire 3 mois ici comme nouveau commandant. Je suis en train de m'enquérir de toute la situation. Les barrières ne constituent pas la mission des FARDC, je travaille pour les démanteler », a ajouté l’officier militaire.
Quelques députés provinciaux du Kasaï annoncent pour cette semaine une mission dans les zones où sont érigés lesdites barrières. Le président de l'assemblée provinciale du Kasaï, Alois Mushitu indique que la question des barrières illégales est sur la table du gouverneur de province. Elle devrait être débattue au cours du prochain conseil provincial de sécurité.
Davina Mbunga