RDC : Le passage sur la levée des sanctions de l’UE était bel et bien dans le discours de Félix Tshisekedi

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Les membres de l’ancienne cellule diplomatique de Joseph Kabila ont travaillé avec l’équipe de Félix Tshisekedi sur le discours prononcé, vendredi à la cité de l’Union africaine, devant les ambassadeurs accrédités à Kinshasa.

« Le ministre des Affaires étrangères et de l'Intégration régionale avait demandé et obtenu l’organisation de la cérémonie. Tout a été fait à son niveau, même la proposition du texte initial », confie à ACTUALITE.CD, un proche de Tshisekedi.

Cette cérémonie était initiée par l’ancienne équipe diplomatique de Joseph Kabila. La proposition a été faite à Félix Tshisekedi qui n’avait pas émis une quelconque objection. Il a ensuite remis des grands axes de ce discours à la même équipe pour finaliser le discours. Jusqu’aux derniers instants, le passage sur la levée des sanctions de l’Union européenne était là. Convaincus que ce texte ne sera pas modifié, certains membres de l’équipe ont permis à certains journalistes présents à la Cité de l’Union africaine de photographier ledit texte. Le texte a été donné à quatre journalistes.

« Dans cet élan de dégel des relations entre la RDC et nos partenaires européens, je voudrais finalement lancer un appel pressant pour la levée des sanctions ayant concerné lun ou lautre responsable congolais particulièrement à la suite de la décision y relative du sommet des chefs dEtat de lUnion africaine de juillet 2017 ». C’est ce qui était mentionné.

Après le prononcé du discours, certains proches de Félix Tshisekedi n’ont pas compris pourquoi le fameux passage était sauté pendant la lecture.

« Je nai pas encore discuté avec lui pour savoir pourquoi il na pas lu cet extrait. Cétait bien dans son texte », a dit à ACTUALITE.CD un de ses proches collaborateurs.

« Nous navons pas honte de cette position. Le président a dit que nous sommes dans une optique de dégel et de réconciliation nationale. Bien plus, nous prônons l’Etat de droit et nous estimons que notre justice dit être à même de poursuivre ses propres enfants en cas de problème. Vous pouvez répliquer en disant que quand on était dans lopposition, on était pour les sanctions. Oui, cest vrai, mais à lépoque on n'avait pas assez de moyens pour faire fléchir lancien régime », a poursuivi la même source.

« Malheureusement, il va se trouver dans ce cas de figure souvent : balancé entre ses propres convictions et ses "obligations contractuelles », a conclu un analyste.

Le 10 décembre 2018, le Conseil européen avait prolongé les mesures restrictives actuellement en place contre certaines personnalités congolaises jusqu'au 12 décembre 2019. Ces sanctions consistent en un gel des avoirs et une interdiction de visa pour l'Union européenne visant 14 personnes. Elles avaient été adoptées le 12 décembre 2016 et le 29 mai 2017 en réponse à ce qu’il considère comme entraves au processus électoral en RDC et aux violations des droits de l'homme qui y étaient liées. Le Conseil réexaminera à nouveau les mesures restrictives compte tenu des élections en RDC. Il s’était dit prêt à les adapter en conséquence.

Ilunga Kampete (FARDC), Gabriel Amisi Kumba (FARDC), Ferdinand Ilunga Luyoyo (PNC), Célestin Kanyama (PNC), John Numbi (PNC), Roger Kibelisa (ANR), Delphin Kaimbi (DEMIAP), Evariste Boshab (ancien ministre de l’Intérieur et de la Sécurité), Alex Kande Mupompa (ancien gouverneur du Kasaï Central), Jean-Claude Kazembe Musonda (ancien gouverneur du Haut-Katanga), Lambert Mende (ministre de la Communication et des Médias), Eric Ruhorimbere (FARDC), Ramazani Shadary (ancien ministre de l’Intérieur et candidat malheureux à la présidentielle du 30 décembre) et Kalev Mutond (ANR) sont concernés par ces sanctions.

Le Conseil de Paix et de Sécurité (CPS) de l'Union Africaine (UA) avait demandé la levée de toutes les sanctions individuelles imposées par l’UE à l’encontre des personnalités congolaises « afin de créer un environnement propice à la tenue d’élections libres, transparentes et apaisées en RDC ».