"J'ai des inquiétudes. Prépare-t-on l'oppression ou les élections ?" (Denis Mukwege)

Photo ACTUALITE.CD

Denis Mukwege s’est dit inquiet par rapport à la situation sécuritaire et politique en RDC. Lors d’une interview accordée à l’agence Belga, le médecin congolais a exposé ses craintes par rapport au processus électoral et à la situation dans l’Est du pays, en particulier.

“Je n’ai pas vu beaucoup de signes de préparation de cette élection. Par contre, j’ai des inquiétudes. Quand je vois ce qui se passe sur le terrain, la violence dans l’Est, je dis qu’il y a une résurgence des violences depuis des mois. On se pose des questions comment vont se faire les élections alors que les gens sont déplacés. Ils n’ont pas de stabilité. Cela ne me rassure pas. Aujourd’hui, il y a des groupes armés même étrangers dans notre pays, on ne sait pas ce qu’ils viennent faire”, a dit le Prix Nobel de la Paix à l’issue d’une opération chirurgicale réparatrice à l’hôpital Saint-Pierre de Bruxelles.

Il s’inquiète également par le fait que l’armée soit venue à la rescousse du processus électoral dans le déploiement des matériels.

“Au lieu de distribuer les matériels électoraux par la logistique civile, c’est la logistique militaire qui est utilisée. On voit que ce sont les commandants militaires sous sanctions qui ont été promus. Il y a des signes qui ne rassurent pas. Est-ce qu’on prépare l’oppression ou les élections ? Le peuple aspire à des élections libres, transparentes et crédibles. On peut voir une oppression qui se prépare. Avec tous les équipements militaires, le Congo n’est pas en guerre contre un autre pays. Nous craignons que cela soit une guerre contre la population congolaise. On n'en a pas besoin”, a ajouté Dr Denis Mukwege.

Dans une précédente interview à ACTUALITE.CD, le médecin avait également dressé un tableau sombre au sujet de la situation dans l’Est de la RDC.

« Il faut se référer à ce qui vient de se passer à Beni. Je crois que nous ne pouvons pas nous dire que la situation s’améliore parce que les massacres collectifs continuent. Il faut nous impliquer. Chaque Congolais doit s’interroger sur ce qu’il doit faire pour que ce Prix Nobel de la Paix, qui vient d’être octroyé à la RDC, puisse aider à ramener réellement la paix », avait-il déclaré.