RDC: le code QR dans la machine à voter, “un élément de tricherie”, selon Shekomba

Alain-Daniel Shekomba (Photo ACTUALITE.CD)

Le candidat à la présidentielle du 23 décembre prochain, Alain Daniel Shekomba, dit avoir découvert un nouvel élément de tricherie dans la machine à voter, outil qu'il conteste avec énergie. Dans l’interview qu’il a accordée à ACTUALITE.CD, le candidat parle d’une démonstration qu’il a faite sur le trucage des résultats de vote à travers le code QR de la machine à voter.

Pourquoi suspectez-vous le code QR dans la machine à voter ?

C’est un nouvel élément que la CENI, en violation de la loi, a ajouté sur le bulletin de vote. Parce que selon la loi, on doit avoir quatre éléments imprimés sur le bulletin de vote. Le premier, c'est le nom complet du candidat, le numéro d'ordre, la photo du candidat et le logo de son parti politique. Mais nous trouvons quand-même un QR code sur ce bulletin qui n'est pas prévu par la loi, et la CENI doit nous dire à quoi sert ce QR code.

À quoi pourrait-il servir, selon vous ?

Le QR code sert à comptabiliser le vote. Nous avons les informations de la CENI qui disent que la machine à voter imprime le procès verbal, la machine à voter ne peut pas imprimer le procès verbal sans avoir fait un dépouillement, et ce dépouillement se fait sur le plan logique dans la machine.

Comment le QR code peut-il faciliter la tricherie ?

Dans la démonstration faite sur la vidéo (Ndlr : Shekomba est passé de la parole à l'acte), en fait, le QR code n'est pas lisible à l'oeil nu. Le QR code est lisible grâce à une application spécifique et les données de la CENI sont cryptées. Il ne peut lire ce QR code que si le scanner qui est à l'intérieur de la machine à voter a aussi le même algorithme de décryptage. Donc c'est possible la tricherie. Quand la CENI est en train de dire sur son communiqué que la comptabilisation du vote se fera manuellement, il faut se demander pourquoi la CENI va imprimer un procès verbal qui viendra de la machine, comment ils vont faire pour comptabiliser le vote ?

Mais la CENI dit que c'est les résultats comptés manuellement qui seront considérés...

Mais pourquoi donner la possibilité à la machine de générer un procès verbal, si ce procès verbal ne sera pas utilisé ? Autre chose, en 2006, 2011, vous savez qu'il y a eu beaucoup de procès verbaux qui ont été, soit oubliés, soit modifiés avant d'envoyer les résultats ici. Et donc les résultats qui vont le plus compter, ce sont les résultats qui seront issus des machines. C'est juste un jeu politique que la CENI veut faire, la CENI veut convaincre la population à accepter sa machine à voter pour qu'à la fin de la journée du vote, qu'elle puisse envoyer les données par le moyen électronique. Il y a un endroit, un onglet sur l'écran, où il est écrit “transmission des données”. Si la transmission des données n'était pas prévue, pourquoi il y a cet onglet. Vous avez vu la carte sim, vous avez vu l'antenne, vous avez vu même un modem multifonctionnel avec la possibilité de transmission des données par satellite, à quoi ça sert ? Ça pouvait être dans le centre de compilation et de traitement des données, qu'est ce que ça vient faire dans la valise ou dans l'équipe complémentaire de la machine à voter ?

Que faire maintenant?

J'avais fait ma proposition au président de la CENI. Je lui avais dit qu’on aurait fait mieux d’éviter que la machine à voter imprime le bulletin. On regarde, on identifie notre candidat sur la machine à voter et on écrit sur le bulletin du destiné à la main. Comme ça le vote devient entièrement manuel. Il m'avait dit que ça ne cadre pas avec la loi parce qu'on devait avoir les quatre éléments cités. Mais quand on regarde sur le bulletin imprimé sur la machine à voter, on retrouve un cinquième élément qui viole aussi la loi.

Interview réalisée par Stanis Bujakera Tshiamala