Bientôt un mois, depuis que la Commission Électorale Nationale Indépendante (CENI) a procédé au lancement de l’opération d’affichage des listes provisoires des électeurs sur toute l’étendue du territoire national. Mais plusieurs personnes ne s’y intéressent toujours pas. Dans certaines écoles de Kinshasa qui servent des centres de vote, les listes sont déjà arrachées des valves.
Il est 12h30’, le soleil est au zénith. Nous sommes au complexe scolaire Saint-Vincent de Paul (extension secondaire), à Kimbangu 2, dans la commune de Kalamu. Les listes affichées sur les murs des salles de classe commencent déjà à être arrachées. Le directeur des études, la cinquantaine révolue n’a pas encore vérifié son nom.
« Je passe mes journées entières à l’école en train de faire mon travail de Directeur (…) Je ne suis pas encore allé voir mon nom sur ces listes. Mais, je sais que mon nom y est », dit-il.
Cap vers l’extension primaire à un kilomètre du secondaire. Ici encore, quelques listes sont déjà arrachées. Bien qu’ayant retrouvé son nom, le Directeur d’école se plaint du manque de sensibilisation.
« La CENI devrait procéder à une nouvelle sensibilisation autour de ces listes. Apparemment beaucoup de personnes ignorent encore cette opération aussi importante pour la crédibilité du processus électoral », affirme Frédéric Kanzunzu.
Geneviève Tumba, 27 ans, assise au coin de l’avenue n’a pas, quant à elle, l’intention d’aller consulter les listes. « Je ne fais pas confiance à ce processus électoral. Déjà, il pose beaucoup de problèmes depuis le jour de son lancement. Je n’irai pas consulter ces listes. Seule ma carte me suffit pour différentes opérations à la banque. Peut-être même que je ne voterai pas », dit-elle.
A l’école primaire Mayap, dans la commune de Makala, toutes les listes sont en bon état. Les listes des électeurs sont affichées sur le mur mais il n'y a presque personne pour les consulter.
« Chaque jour, nous recevons pas plus de cinq personnes qui viennent consulter les listes. Nous sommes obligés de bien les conserver même si le nombre des personnes qui les consultent n’a pas encore atteint une dizaine par jour », confie un surveillant de l’école.
Devant l’école Astrid Ngweni, la quarantaine révolue, avoue ne pas être au courant de l’opération d’affichage.
« Quoi ? La CENI a affiché des listes des électeurs ? Je ne suis pas au courant de la chose. Comment voulez-vous que j’aille vérifier ? Chez moi, personne ne le sait. Je pourrais peut-être les informer à mon retour », affirme-t-elle toute souriante.
Il est 14h30’, à l’Institut Pédagogique de Ngiri-Ngiri (IPNN), les listes sont conservées dans la salle des professeurs. Chaque fois qu’une personne se présente, un membre du bureau la conduit vers les listes affichées sur deux tableaux. Après 15 heures, le bureau est fermé. Il faut y revenir le lendemain. Un enseignant qui quitte tardivement le bureau estime à deux pour cent l’ensemble des visites.
« Les personnes reçues ici peuvent être estimées à seulement 2% sur le total. Les seules plaintes que nous avons enregistrées sont celles des personnes qui se retrouvent sur la liste des radiés. Nous les renvoyons à la CENI pour vérification », confirme Michel Ilengo, enseignant à l’Institut Pédagogique de Ngiri-Ngiri.
Certains manquent!
Frédérick Kanzunzu, directeur au complexe scolaire Saint-Vincent de Paul (Kalamu), n’a pas retrouvé le nom de son épouse sur les listes affichées. Son nom ne figure pas non plus sur les listes des radiés. Après avoir introduit sa plainte auprès des agents de la CENI, aucune suite favorable ne lui a été réservée jusqu’à ce jour.
« Le jour où ils sont venu afficher ces listes, nous avons vérifié sur toutes les listes, le nom de mon épouse n’a pas été trouvé. Nous avons posé le problème(…) ils nous ont promis de revenir, mais aucune suite jusqu’à ce jour », s’inquiète Kanzunzu.
A l’école Assossa 1&2, dans la commune de Kasa-Vubu, la direction a affiché 86 listes sur les 167 remises. La colle servant d’affichage n’était pas suffisante.
« Les agents de la CENI nous ont promis de revenir compléter la colle qui manquait mais, jusque-là, personne ne l’a amenée. Ainsi donc, seules les personnes dont les noms se trouvent sur les listes affichées peuvent les voir. Les autres doivent attendre le jour où la colle viendra. C’est difficile de consulter les listes une à une », affirme Maya, la directrice de l’école.
Cette opération de la CENI devrait aller jusqu’au 4 octobre prochain avant l’affichage des listes définitives le 22 octobre.
Prisca Lokale/IFASIC