RDC : Retour au calme après une soirée sanglante à Beni 

Un calme régnait dimanche à Beni (Nord-Kivu), au lendemain de violents combats entre soldats et présumés rebelles ougandais des Forces démocratiques alliées (ADF), dans plusieurs quartiers situés à l'Est de la ville. 

Entre 18h GMT et 00'h, les présumés rebelles ougandais se sont affrontés aux Forces armées de la République Démocratique du Congo (FARDC) à Mupanda, Kasanga, Paida et Kasinga, des quartiers situés dans la façade orientale de Beni.

La société civile a fait un décompte provisoire de 18 morts dont 14 civils et 4 soldats. Tout au long des combats, l'armée régulière était sur la défensive. 

"J'ai vu des femmes, des enfants et plusieurs hommes vêtus en tenue militaire qui se battaient contre les FARDC. J'ai entendu un commandant FARDC en train d'appeler du renfort", a témoigné un habitant trouvé à Kasenga-barrière. 

Cette partie a enregistré peu de morts. Les victimes font partie des personnes qui se sont ruées vers le centre-ville pour fuir les combats. 

"Ceux qui ont décidé de quitter le milieu sont ceux qui sont allés mourir dans l'intervalle entre la salle Bicentenaire et le TCB Mupanda, sur le boulevard Ruwenzori, au moins cinq personnes que j'ai vues", ajoute le témoin qui a entendu des rafales d’armes légères et des détonations de tirs d’armes lourdes toute la soirée.

 

Équipés, les rebelles se dirigeaient vers le rond-point Nyamwisi via le boulevard Ruwenzori avant d'être stoppés par les militaires à 1 km du centre-ville de Beni, vers l'église "Messe des officiers". 

Dans la fuite, nous avons tenté de demander aux motards de nous transporter sur leurs motos mais ils ont refusé, une femme avec laquelle on était a eu de l’hypertension et nous l'avons abandonnée en cours de route comme les armes crépitaient du côté de la "Messe des officiers" sur le boulevard Ruwenzori", a raconté une femme qui s'est déplacée nuitamment. 

"Nous avons eu la vie sauve lorsque nous sommes arrivés vers le marché de Mabakanga parce que les rebelles n'ont pas traversé le pont situé près du bureau de la radio Graben", a-t-elle précisé.

Le boulevard Ruwenzori, sur la route Beni-Kasindi, a été envahi par les deux forces armées ainsi que certaines familles. Un chauffeur ougandais a abandonné son véhicule au parking de la DGDA/Mupanda.

"Les balles crépitaient trop ici, à Mupanda. J’ai décidé d'abandonner mon véhicule et fuir vers le sud. Mais la situation sécuritaire nous décourage nous comme chauffeur étranger, le gouvernement congolais doit prendre sa responsabilité".

Aucune communication n'a été obtenue par ACTUALITE.CD auprès de l'armée dont le porte-parole local était injoignable depuis samedi soir. 

Les 18 corps étaient exposés dimanche matin à la morgue de Beni où étaient rassemblés des dizaines d'habitants endeuillés. 

Les populations civiles de cette ville et du territoire de Beni sont régulièrement la cible d'exactions des rebelles ougandais. Les victimes se comptent par milliers depuis le mois d’octobre 2014, selon la société civile. 

Opposés au régime du président Yoweri Museveni, évalués à un millier par Kinshasa et l’ONU, les combattants ADF sont présents sur le sol congolais depuis 1995. 

Aux côtés d'innombrables massacres des civils, ces assaillants sont accusés d'avoir mené plusieurs attaques contre des convois et bases de l'ONU dans la région. 

La plus sanglante attaque de l'histoire de l'ONU depuis une vingtaine d'années, a visé une base des casques bleus Tanzaniens en décembre 2017, dans le territoire de Beni. 15 casques bleus avaient été tués et une quarantaine étaient grièvement blessés. 

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Yassin Kombi, depuis Beni