<b>Ressortissant de la province démembrée du Sankuru, Tharcisse Loseke, président de l’Union pour la Démocratie et le Progrès Social (UDPS), dirigée par Bruno Tshibala, alerte sur la “<em>désastreuse</em>” situation socio-économique dans la province du Sankuru. </b>
<b>Dans une interview ce mardi 19 juin 2018 à ACTUALITE.CD, Tharcisse Loseke présente le Sankuru comme une province enclavée sans infrastructure, sans eau potable, sans électricité avec une population pauvre. Il ajoute que les conflits entre les leaders de ce coin aggravent cette situation. Il annonce avoir mis un bac sur Lomami dans l’idée d’ouvrir le Sankuru à d’autres provinces. </b>
<b>Vous revenez de Sankuru d’où vous êtes originaire. Comment se présente la situation socio-économique dans cette province</b> ?
Elle est tout simplement désastreuse dans la mesure où le Sankuru est une province enclavée. Il y a quelques circulations vers Kinshasa ou vers Mbuji-Mayi mais dans l’ensemble, la province connaît un enclavement quasi-total. C’est ce qui fait que, sur le plan économique, les seules ouvertures qu’il y a et qui permettent à certains opérateurs économiques d’assurer les approvisionnements en certains biens de première nécessité se font avec beaucoup de difficultés. D’autre part, sur le plan social, les infrastructures scolaires et sanitaires sont quasi inexistantes et, je dirais même, à l’état de délabrement total. En dehors de quelques projets des ONG qui permettent à la population d’avoir quelques soins médicaux ou quelques écoles dans de bonnes conditions.
<b>Pas d’eau, pas d’électricité ? </b>
Pas d’eau, pas d’électricité en dehors de quelques individualités ou quelques églises ou encore des organisations caritatives qui essayent de mettre l’électricité par ci par là. Dans tout Sankuru, il n’y a pas un mètre de route asphaltée. Les routes sont dans un état de délabrement total. Mais la population s’habitue à ça.
<b>Qu’est-ce qui explique cette situation ? </b>
La première cause est liée à ce que je dis : l’enclavement. Et ensuite, nos leaders politiques. Je suis parmi ceux-là, surtout ceux qui sont restés longtemps au pouvoir, c’est-à-dire plus de dix ans ils ne se sont jamais soucieux d’amener une embellie dans cette province. Puis, la décentralisation que nous avons connue n’a pas encore démarrée pour permettre à améliorer et donner les signes de développement. C’est ainsi que, moi, je pense que des initiatives individuelles comme celle que j’ai prise notamment d’ouvrir le Sankuru vers le Maniema avec le bac sur Lomami, est une des initiatives que tout le monde pourrait prendre et que d’autres auraient dû déjà prendre, il y a longtemps. Je pense que le salut de notre province sera son désenclavement vers l’Est, vers le Sud et vers l’Ouest. Et c’est la raison pour laquelle d’ici quelques mois, certainement entre le Maniema et le Sankuru, il y aura une fluidité dans la circulation avec le bac sur Lomami. Ce qui permettra aux Sankurois d’aller facilement au Katanga, au Kivu et, pourquoi pas, même dans des pays limitrophes de l’Est.
<b>Comment expliquez-vous que le Sankuru n’émerge pas alors que plusieurs de ses ressortissants sont dans les institutions ? </b>
Il y a toujours eu des interpellations vis-à-vis de certains de nos leaders qui sont bien placés politiquement et surtout au pouvoir. Et ces interpellations n’ont jamais connu un écho favorable de telle sorte qu’il est temps que nous puissions tous avoir un sursaut d’orgueil pour amener un développement dans notre province.
<b>Les conflits entre les leaders politiques de cette province dont vous faites mention sont l’une des causes de cette situation...</b>
Bien sûr, nous avons connu des conflits à l’époque entre les Ekonda et les Esués, qui ont amené des situations extrêmement graves avec mort d’hommes et surtout des récriminations dans le temps. Ces conflits sont toujours latents puisqu’il y a toujours quelques acteurs politiques qui instrumentalisent ce genre de conflits. C’est ainsi que je fais un appel pathétique à certains leaders politiques qui, pour le moment, sont dans un conflit larvé à cause des dons accordés aux finalistes des humanités pour leurs examens. Il ne faudra pas instrumentaliser ces dons là et encore moins la misère de la population pour créer ou réveiller ce conflit latent qui risque d’être très préjudiciable pour notre province surtout à l’approche de la période électorale. D’autant plus que ce genre de dons ont un caractère électoraliste qui ne trompe personne. Donc nous ne voulons pas réveiller des conflits latents, il faut que tout le monde ait beaucoup de sagesse dans la gestion de ce genre de situation.
<b>Comment remédier à la situation de Sankuru en ce qui concerne les crises socio-économiques dans son ensemble ? </b>
Je vous ai dit qu’il faut un sursaut de tout le monde. Tout le monde doit s’impliquer pour que nous puissions voir le Sankuru avec une vision positive. Ce qui n’a pas encore été le cas jusqu'à aujourd'hui et il est temps pour que nous puissions le faire. Même ceux qui, pendant des années, des décennies, sont restés au pouvoir et qui ne sont jamais soucieux de quoi que ce soit.
<b>Lambert Mende, She Okitundu, Christophe Lutundula et tous les autres sont également concernés par cet appel</b> ?
En commençant par moi-même, cet appel concerne tous les ressortissants du Sankuru qui sont mieux placés dans les institutions ou même en dehors des institutions. C’est un appel pathétique à tous les leaders du Sankuru.
<b>Interview réalisée par Stanys Bujakera Tshiamala</b>