Thierry Moungalla confirme l'existence de bonnes relations entre Kinshasa et Brazzaville: "Comme État responsable, nous ne pouvons pas attiser les braises d'un conflit chez le voisin"

Si le rapprochement entre Brazzaville et Kigali a été mal perçu par certains Congolais à Kinshasa au regard de son rôle dans la déstabilisation de l'Est de la RDC, le gouvernement brazzavillois rassure quant à l'existence de bonnes relations avec l'administration de Félix Tshisekedi.

Répondant à une question de la presse vendredi 6 juin à la Quinzaine du gouvernement, Thierry Lézin Moungalla, ministre de la Communication et des médias et porte-parole du gouvernement congolais a rejeté "des reproches faits à son pays avec toute une série de fantasmes qui laisseraient croire à l'opinion publique que son pays serait à la manœuvre contre son grand voisin. Je peux vous dire que ça serait une grave erreur".

"Les relations sont excellentes, elles sont fraternelles comme deux voisins qui ont un mur mitoyen qui sépare leurs deux maisons. Nous sommes dans cette situation avec la RDC. Nous avons ce voisinage obligé parce que c'est la réalité physique, géographique qui nous unit. On dit souvent les deux capitales les plus proches du monde, c'est le cas. Sur un plan topographique, géographique même technologique, on parle des fréquences, j'ai une certaine habitude de ces questions des télécoms et questions numériques, communications nos deux pays sur tous ces plans c'est le même pays où en tout cas deux mêmes capitales", a fait savoir Thierry Lézin Moungalla, porte-parole du gouvernement du Congo.

Selon lui, un pays comme État "responsable" ne peut pas s'hasarder à attiser un conflit pour mettre le feu à Kinshasa au risque d'en être lui-même aussi victime au regard de l'emplacement de deux pays.

"Comment voudriez-vous qu'un État aussi responsable que le nôtre qui lui-même a connu des événements malheureux pourrait attiser les braises d'un conflit chez le voisin au risque compte tenu du fait qu'on soit très proche les uns des autres, au risque quand là-bas on attrape la grippe et nous, nous attrapons la fièvre parce qu'on est tellement proche. Quand vous êtes assis l'un à côté de l'autre celui qui a la grippe peut contaminer celui qui n'en avait pas, celui qui est en feu contamine malheureusement celui qui n'a pas le feu si jamais les deux voisins ne s'unissent pas pour rechercher ensemble tous les moyens pour que la crise ne s'accélère pas, voilà notre État d'esprit ", a rassuré Thierry Lézin Moungalla. 

Abordant l'aspect lié au rôle que doit jouer son pays dans la résolution de la crise sécuritaire actuelle, le porte-parole du gouvernement brazzavillois a vanté les qualités du président Dénis Sassou Nguesso dans la recherche des solutions tout en saluant les différentes initiatives de paix en cours.

"Vous savez que le Président de la République a toujours été, dans son ADN, un homme de conciliation et un homme de médiation. Il s'avère que pour des raisons diplomatiques, les instances internationales : l'ONU, l'Union Africaine, les différentes communautés régionales comme la SADC, Grands Lacs ont choisi un certain nombre d'acteurs pour assurer la conciliation, la réconciliation entre les parties, on peut citer son Excellence Faure Gnassingbé du Togo désigné par l'UA, l'ancien président du Nigéria Olusegun  Obasanjo qui lui également suite à son aura et sa dimension personnelle, son expérience fait aujourd'hui un travail souterrain mais très utile de médiation, on peut citer les tentatives qui font que les parties prenantes se retrouvent à Doha au Qatar et sont en train depuis plusieurs semaines de discuter", a-t-il indiqué devant la presse locale.

Toutefois, il rassure que Dénis Sassou Nguesso est comme un joueur de réserve, il ne peut faire son entrée sur le terrain qu'une fois qu'il sera sollicité. À l'en croire, il suit quand-même de près la situation de la RDC.

"Le Président de la République du Congo est comme qui dirais-je sur le banc de touche et quand on lui demandera d'entrer sur terrain parce qu'on ne peut pas s'autodésigner, il y a des règles internationales et bien le Président de la République sera disponible, il l'est en permanence. Ce n'est pas parce qu'il n'est pas médiateur ou pas parce qu'il n'est pas un acteur en front line c'est-à-dire ouvert qu'il n'échange pas avec les parties, ce n'est pas interdit", a soutenu le porte-parole du gouvernement.

Pour Thierry Lézin Moungalla, ministre de la Communication et des Médias, son pays ne peut pas œuvrer pour la déstabilisation de la RDC:"C'est toujours ces mêmes reproches faits à notre pays et avec toute une série de fantasmes qui laisseraient croire que nous sommes à la manœuvre contre notre notre grand voisin, je peux vous dire que ça serait une grave erreur" a martelé le porte-parole du gouvernement Brazzavillois.

Au mois de décembre de l'année dernière, le président Félix Tshisekedi a séjourné à Brazzaville pour un tête-à-tête avec son homologue Denis Sassou Nguesso. La rencontre tenue au Palais présidentiel de Brazzaville, visait à aborder des questions cruciales, notamment la situation sécuritaire dans la sous-région et d'autres défis internationaux. Ce voyage intervient dans un contexte marqué par l’échec de la tripartite de Luanda, initialement prévue pour le 15 décembre, et qui visait à aboutir à un accord entre la RDC, le Rwanda et l'Angola pour résoudre la crise sécuritaire dans l’Est de la RDC.

Le projet du Pont Route-Rail entre Brazzaville et Kinshasa représente une avancée significative pour l'intégration régionale en Afrique centrale. La réunion stratégique tenue à Kinshasa en janvier 2025 sous la conduite de la Première Ministre R.D Congolaise Judith Suminwa Tuluka avec la participation coté Congo Brazzaville, du ministre de l'Aménagement du territoire, de l'Equipement et des Grands travaux, Jean-Jacques Bouya et, réunissant des experts des deux pays, témoigne de l'engagement des autorités à harmoniser les aspects techniques et fiscaux nécessaires à la réalisation de cette infrastructure.

Avec un coût estimé à 700 millions USD pour sa première phase, ce projet pourrait transformer le paysage commercial entre la République du Congo et la République Démocratique du Congo. L'harmonisation des conditions de concessions et le lancement prochain des appels d'offres sont des étapes cruciales pour garantir le succès de cette initiative.

Clément MUAMBA