RDC : Jason Stearns et le GEC redoutent le chaos en cas d’utilisation de la machine à voter en décembre 2018

Le Groupe d’étude sur le Congo (GEC),  projet de recherche basé au Centre de coopération internationale de l’Université de New York, a émis des doutes sur la fiabilité de la machine à voter, la capacité de la CENI à mener une campagne de sensibilisation à son utilisation et l’opacité dans la procédure de passation de marché qui l’entoure. Pour le GEC, il est à craindre que cette technologie  provoque un chaos le jour des élections.

<em>« Le potentiel de pannes et de confusion sera beaucoup plus grand pour les élections, au cours desquelles 84 000 machines devraient fonctionner à travers le pays en même temps. Il est également important de noter que les élections sont censées avoir lieu en décembre, un mois qui, dans la majeure partie du pays, est marqué par de fortes pluies. En comparaison, la Namibie a utilisé 2 080 machines et disposait de 121 techniciens et 31 ingénieurs mis à disposition par le fabricant sur appel. Si le Congo recrute une proportion similaire de techniciens, il devrait en embaucher et former plus de 6 000 avant les élections »</em>, écrit GEC qui soutient que la CENI n’a actuellement ni le temps ni le budget pour mener une campagne d’éducation civique à l’échelle nationale à cet égard.

<em>« Ce n’est pas seulement l’électorat qui aurait besoin d’éducation. Les agents de la CENI devraient également être formés en quelques mois à l’utilisation de 84 000 machines à voter »</em>, dit-il dans ce document publié ce lundi 9 avril 2018.

Les chercheurs dirigés par Jason Stearns soulignent qu’il n’y a apparemment qu’un seul autre pays où les mêmes machines sont utilisées: Fidji, où il n’y a que 624 000 électeurs.

<em>« Leur commission électorale a décidé de tester les machines lors des élections syndicales et étudiantes avant de les utiliser plus largement »,</em> notent –ils.

Par ailleurs, les experts électoraux contactés par le GEC, soutient la note, auraient confirmé que ce type de système correspond aux définitions internationales du vote électronique.

Le GEC ajoute que le seul autre pays en Afrique à avoir utilisé une forme de vote électronique était la Namibie lors de ses élections de 2014.

<em>« Là, cependant, le pays était préparé bien à l’avance: sa loi électorale a été modifiée en 2009 pour permettre explicitement le vote électronique, les systèmes ont été testés lors de quatre élections locales en août 2014, ainsi que lors d’une élection partielle en novembre 2014, avant d’être utilisé pour les élections nationales du 28 novembre 2014. La Namibie est aussi un pays de la taille d’une petite province congolaise, avec 1,2 million d’électeurs contre 46 millions au Congo, et dispose de beaucoup plus d’infrastructures »,</em> expliquent ces experts.

La CENI est en campagne de sensibilisation de cette technologie. Environ 107 000 machines à voter, une pour chacun des 84 000 bureaux de vote et une machine de secours pour chacun des 23 000 centres de vote sont prévues. La centrale électorale explique que la machine à voter n’est pas une option, mais une décision qui a été prise pour limiter le cout des élections.  Il a également laissé entendre que sans l’utilisation de cette machine, il est impossible d’envisager la tenue des élections cette année.

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