La procédure de traitement des requêtes du Procureur général près la Cour de cassation à l'Assemblée nationale a été suivie même au-delà des frontières nationales. Dimanche, alors que la chambre basse du Parlement clôturait la session de mars, elle a répondu positivement au réquisitoire du PG Firmin Mvonde sollicitant des poursuites judiciaires contre Constant Mutamba, ministre d'État, ministre de la Justice et Garde des Sceaux. Ce membre du gouvernement Suminwa est accusé de détournement présumé de 19 millions USD dans le cadre du projet de construction d’une prison à Kisangani, dans la province de la Tshopo.
Contre toute attente, cette affaire est suivie même au Rwanda. Le ministre rwandais des Affaires étrangères et de la Coopération internationale, Olivier Nduhungirehe n’a pas caché sa satisfaction face aux ennuis judiciaires de Constant Mutamba.
Réagissant à une ancienne vidéo de Constant Mutamba lors d'un briefing presse au début de l'année dans laquelle il promettait la peine de mort à tout détourneur des deniers publics, le chef de la diplomatie rwandaise évoque la loi du "Karma" estimant que Mutamba est rattrapé par la réalité suite à son comportement populiste et une rhétorique anti-rwandaise.
"Quand l'excès de populisme, de xénophobie, d'idéologie du génocide et de haine anti-Rwanda vous reviennent dans la figure en boomerang #LoiDuKarma", a-t-il écrit lundi 16 juin sur X.
La réaction du ministre Rwandais intervient alors que depuis la résurgence de la rébellion du M23, Constant Mutamba était à la première ligne pour s'attaquer au Rwanda qui soutient la rébellion de l’AFC/M23. Il a été à la base de l'ouverture du procès public opposant le ministère public contre Corneille Nangaa, leader politique de l’Alliance Fleuve Congo (AFC), ainsi que plusieurs de ses complices. L’annonce de ce procès avait suscité des réactions notamment quant à sa base légale. Si pour certains, il s'agissait d'une démarche populiste et sans impact, pour le Ministre de la justice cette démarche était logique.
Lors d'une de ses visites à Goma, chef-lieu de la province du Nord-Kivu, Constant Mutamba devant les prisonniers à la prison centrale de Munzenze s'était montré une fois de plus virulent contre le Rwanda. Pointant directement Paul Kagame comme l'un des principaux instigateurs des troubles en RDC, le ministre avait assuré qu'il n'hésiterait pas à prendre des mesures sévères contre des traîtres qui compromettent l'intégrité du pays. Constant Mutamba avait promis une récompense à toute personne qui parviendrait à arrêter le président rwandais Paul Kagame qu'il qualifie de « criminel de guerre » suite à son soutien à la rébellion de l’AFC/M23.
Tout récemment, Constant Mutamba était à la manœuvre dans l’offensive judiciaire dirigée contre l’ancien Chef de l’Etat Joseph Kabila pour son présumé soutien à la rébellion de l’AFC/M23. Avant son entrée au gouvernement, député national, Mutamba a même saisi la Cour Pénale internationale (CPI) contre le chef de l’Etat rwandais Paul Kagame et Corneille Nangaa.
Après le vote au niveau de l'Assemblée nationale, le parquet général près la Cour de Cassation dirigé par Firmin Mvonde devra être notifié de la résolution de la chambre basse du parlement. Une fois fait, la justice pourra passer à l’action pour s'occuper du cas de Constant Mutamba qui devra céder son fauteuil au gouvernement.
Clément MUAMBA