RDC : Les prêtres catholiques de Kananga dénoncent l'insécurité grandissante au Kasaï

Les prêtres  des paroisses catholiques de l'Archidiocèse de Kananga dénoncent, dans un mémorandum du 7 mars 2018 adressé au gouverneur du Kasaï Central, la montée des actes d'insécurité qui émaillent l'espace Kasaï  depuis le début de l'année 2018.

Ce mémorandum, qu'ACTUALITE.CD a pu consulter, part d'un constat de déception suite au forum sur la paix, la réconciliation et le développement dans l'espace Kasaï organisé à Kananga en septembre 2017.

<strong>Les prêtres catholiques écrivent :</strong>

<em>"A la tenue du forum de paix sur le Kasaï au mois de septembre 2017, la population de Kananga en particulier et celle du Kasaï en général avait nourri l'espoir de voir la paix enfin revenir sur l'espace Kasaïen après les conflits armés des miliciens Kamuina Nsapu contre l'Etat congolais. Mais hélas, cet espoir n'a duré que l'espace d'un matin. Car la province du Kasaï continue à subir des affres de la violence et d'une insécurité grandissante ".</em>

Les prêtres catholiques justifient le sens de leur démarche  par les conséquences que l'insécurité charrie pour la population et s'indignent du silence des autorités :

<em>"Nous nous faisons le devoir d'effectuer cette démarche auprès de vous, autorité en charge de la province du Kasaï Central, pour exprimer notre vive indignation face au silence entretenu en rapport avec des faits graves qui nécessitent votre implication ".</em>

Dans ce mémorandum de douze pages, les prêtres signataires expliquent le contexte dans lequel vit la population de Kananga :

<em>"Le contexte actuel que nous vivons à Kananga est marqué par une forte psychose due aux enlèvements des personnes devenus monnaie courante et des arrestations arbitraires".</em>

Les prêtres révèlent qu'ils ont constaté un véhicule blanc non immatriculé et identifiable de couleur blanche avec à son bord des hommes en uniforme des Fardc qui opèrent en plein air et  <em>"qui plongent la grande majorité de notre population dans le désespoir ".</em>

<strong>Et aux prêtres catholiques  de s'interroger :</strong>

<em>"Comment comprendre de tels actes dans une ville où des services de sécurité à savoir la police, l'Anr et les Fardc sont omniprésents. Comment peut-on expliquer le silence radio de nos autorités provinciales à qui revient la charge de protection des personnes et de leurs biens".</em>

La situation à l'intérieur des provinces du Kasaï inquiète aussi les prêtres:

<em>"A l'intérieur de la province,  l'insécurité continue à persister dans le territoire de Demba, secteur de Lombelu et à la frontière du Kasaï Central et du Kasaï du côté de Kakenge".</em>

Ils dénoncent les multiples barrières et les tracasseries auxquelles la population est soumise.

Les prêtres listent plusieurs cas des personnes tuées ou blessées par les militaires depuis le début de l'année 2018.

Pour les personnes enlevées,  les signataires signalent que leurs parents sont soumis au paiement des rançons par M-pesa.

Ils citent les cas les plus récents  de madame Betu Ntumba Bety arrêtée le 2 mars 2018 devant l'institut pédagogique de Kananga et acheminée au cachot de la police au motif qu'elle serait milicienne. Elle a été relâchée un jour après que ses parents aient versé 130$. Ceux de monsieur Tshilanda qui s'est vu arracher sa moto, tabassé et jeté dans le ravin le 4 mars; Mme Charlie Musawu arrêtée le 5 mars et libérée après la confiscation de ses 150.000 fc. Le 6 mars 2018, les prêtres signalent que Mme Misenga Bakole a été kidnappée par la jeep blanche à 6 heures du matin et une piqûre lui a été administrée. Elle n'a eu la vie sauve qu'en ayant pris fuite. Elle est aux soins.

En guise de conclusion  les prêtres catholiques de Kananga recommandent entre autres aux autorités provinciales de prendre la mesure de l'insécurité qui est réelle à Kananga, de sanctionner tous les auteurs des cas d'enlèvement.

Aux forces de l'ordre de cesser de provoquer la population en exhibant les armes et de rompre avec la culture de la gâchette facile.

Les prêtres demandent enfin la suppression du secteur opérationnel des Fardc au Grand Kasaï.

Aucune autorité n'a voulu réagir à ce mémorandum qui tombe au moment où la population de Kananga vit dans la psychose à chaque passage des jeeps blanches de l'armée.

<strong>Sosthène KAMBIDI</strong>

&nbsp;