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<div dir="auto">Une petite table de bureau jonchée de dossiers et deux vieilles chaises pour visiteur. A sa gauche, une armoire métallique croulant sous le poids de vieilles fardes décolorées. Et un ventilateur tournant plein régime pour donner un peu de fraîcheur à l’occupant du lieu. Il n’est pas seul pourtant dans la pièce. Trois autres postes, apparemment moins prestigieux sont occupés par des collègues. L’immeuble tout aussi defraîchi qui abrite le service date de la colonisation et n’a pas reçu une seule couche de peinture depuis des décennies.</div>
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<div dir="auto">C’est pourtant ici, au cœur du quartier administratif de la Gombe, sur le prestigieux boulevard du 30 Juin, à Kinshasa, que se trouve logée l’Inspection générale du travail (IGT) de la République démocratique du Congo, qui a ratifié en 1968 la Convention 081 sur l'inspection du travail (1947). C’est là que travaille N.B., 65 ans, inspecteur principal de première classe, qui y passe sa 18ème année au terme d’une formation de six mois organisée par le ministère de l’Emploi et de la Prévoyance sociale. Il se rend bien compte que malgré les articles 1er et 6 du décret n° 12/002 du 19 janvier 2012 portant création et organisation de l’Inspection générale du Travail, l’IGT n’a aucune dotation, aucune autonomie financière. Son ventilateur, il a dû l’acheter avec son salaire, indexé à celle de la Fonction Publique, soit l’équivalent de 300 $ à ce jour.</div>
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<div dir="auto"><strong>Métier en voie de disparition</strong></div>
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<div dir="auto">C’est avec ce salaire qu’il doit nourrir sa famille, se déplacer pour se rendre au travail et, parfois même, financer ses visites d’inspection. Une pratique contraire à l’article 200 de la Loi n° 015/2002 portant Code de Travail et l’article 11 de la Convention 081 que la Commission d’experts pour l’application des conventions et recommandations (CEACR) a rappelé à la RDC dans sa demande directe adoptée lors de sa 106ème session en 2017.</div>
<div dir="auto">Le rôle et les missions d’un inspecteur du travail ne sont pas très connus du grand public. Pour la plupart sans formation adéquate, et cela malgré le rappel de l’article 7 paragraphe 3 de la Convention 081, la centaine d’inspecteurs et contrôleurs du travail que compte la RDC ne sont pas performants sur le terrain. «Selon les normes, un inspecteur du travail doit produire pas moins de 120 rapports de visites annuellement. Un seuil que nous n’atteindrons jamais. Au contraire ! », raconte N.B., défaitiste.</div>
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<div dir="auto"><strong>Longue expérience à partager</strong></div>
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<div dir="auto">Le nombre de vrais inspecteurs du travail, qui ont reçu une formation adéquate, ne fait que baisser. L’annuaire statistique 2015 publié par le ministère congolais du Plan affichait les chiffres de 121 inspecteurs du travail et 40 contrôleurs sur un vaste territoire qui compte quelque 27 607 189 travailleurs pour 80 millions d’habitants, renseigne l’annuaire. Le recrutement de nouveaux inspecteurs n’est pas à l’ordre du jour, constate N.B. Tout comme il se plaint du fait qu’il n’existe aucune politique de spécialisation des inspecteurs du travail. Tous sont généralistes et interviennent dans tous les domaines.</div>
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<div dir="auto">Pour N.B., après autant d’années de service, il a acquis une expérience qu’il a hâte de partager avec la jeune génération. Il travaille en ce moment sur un litige individuel qui oppose un ancien agent licencié à la Banque Centrale du Congo (BCC) en 2006 et qui, malgré tous les recours dans les délais, n’a été ni réintégré, ni indemnisé. N.B. espère y apporter une solution mutuellement acceptable en se basant sur le Code du travail qui prévoit le recours au Tribunal du travail à défaut de la conciliation entre les parties.</div>
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<div dir="auto"><strong>Adelard MAMBUYA OBUL’OKWESS</strong></div>