L’économiste Armand Lambert Kitenge affirme que la réouverture du trafic de la SNCC entre le port de Lobito, en Angola, et la gare de Dilolo, en RDC, va désengorger plus de deux millions de Congolais qui vivaient dans l’enclavement. Dans une interview exclusive accordée à ACTUALITE.CD, A.L. Kitenge parle d’une situation qui va apporter un grand soulagement à plusieurs communautés locales.
<em>« Une grande partie de notre pays a été totalement coupée du monde, faute de train, et il n’y a pas eu d’activité économique pendant très longtemps. Une grande partie de notre économie s’est asséchée et les gens en ont souffert très sérieusement. C’était un drame humanitaire. Enfin, ils vont devoir évacuer leurs marchandises et vont devoir s’approvisionner en produits manufacturés dont les médicaments. A la fois, ils peuvent être en contact avec la partie centre du pays. Cela va redonner une certaine activité économique et les gens vont devoir bouger. A partir du moment où l’argent va circuler, cela fera qu’on puisse toucher au moins deux millions de personnes qui ont été totalement isolées. Ça touche la santé, ça touche le développement humain, surtout si le trafic devient régulier »,</em>explique-t-il.
Pour A.L. Kitenge, les entreprises minières sont aussi les premières bénéficiaires de cette reprise d'activités :
<em>« La Gécamines et les autres entreprises vont faire une économie d’échelle, le chemin de fer de Benguela vers le port de Lobito va revitaliser sur le plan minier dans la stratégie de développement et un certain nombre de ressource va reprendre de l’activité. Le premier à en bénéficier c’est Kisenge-Manganèse qui avait des tonnes et des tonnes de produits et qui a réussi à les évacuer. A l’époque de la Gécamines, on avait 450 milles tonnes de cuivre et aujourd’hui nous sommes à 1,2 million de tonnes de cuivre. C’est une chance énorme pour cette partie du pays surtout si le trafic devient régulier. Le trafic se faisait via les voies les plus lointaines et aujourd’hui avec cette voie plus courte on peut économiser plus d’un milliard de dollars américains, juste en termes de transport. Là-dessus nous devons être en mesure non seulement d’entretenir le chemin de fer mais d’avoir suffisamment de wagons pour acheminer plus de produits »</em>, a-t-il renchéri.
En 2015, l’Angola a recouru aux Chinois pour réhabiliter les 1340 km de chemin de fer reliant la ville de Lobito, en Angola, à celle de Luau, frontalière avec le Katanga. Pendant ce temps, le trafic en RDC était largement à l'arrêt. Avec la réouverture de ce trafic les deux pays en seront bénéficiaires, affirme ce spécialiste.
<strong>Willy Akonda</strong>