<em>De la caution électorale à la machine à voter, la rédaction du Journal Du Citoyen (JDC) a revu les débats qui jalonnent le processus électoral en République démocratique du Congo. Appuyées notamment par des avis des experts, les analyses du JDC expliquent de façon consistante l’acheminement de l’organisation des élections en décembre prochain, d’après le calendrier électoral.</em>
<strong>RDC: l’ODEP accuse la CENI de “dilapider” les fonds alloués pour processus électoral</strong>
Dans un communiqué publié le 12 janvier 2018, l'Observatoire des Dépenses publiques (ODEP) affirme avoir mené une analyse de l'évolution des prévisions et de l'exécution des crédits alloués à la Commission Électorale Nationale Indépendante (CENI). Cette organisation citoyenne note le manque de transparence des fonds mis à la disposition de la centrale électorale.
Pour l’ODEP, la Commission Électorale Nationale Indépendante ne donne pas de détails sur la gestion des fonds alloués par le gouvernement et les partenaires au développement au processus électoral en République démocratique du Congo.
Quant au budget prévu, l’ODEP affirme que seules quelques “dépenses inutiles” sont mentionnées.
«<i>Après le vote du projet de loi des finances 2018 que la Ceni a fourni, les détails du budget des opérations électorales sur les papiers au format A3, dont les grandes lignes sont présentées de manière suivantes: 105.149 exemplaires de machines à voter pour un prix unitaire de 1500 dollars. Ce qui porte leur coût total à 157.723.500 USD, il est prévu 2,6 millions USD pour des pagnes; 400.600 USD pour de t-shirts; 350.000 USD pour des jackets; 100.000 USD pour des képis; 50.000 USD pour le porte-clés; 75.000 USD pour les drapeaux. Mais ces prévisions ne sont pas inscrites dans la loi des finances 2018</i> », explique le document.
Pour l’ODEP cet argent peut être affecté ailleurs au lieu d’acheter ces matériels qui, selon l’Observatoire, ne pourront pas contribuer véritablement à la sensibilisation des électeurs.
Dans son calendrier électoral publié le 05 novembre 2017, la CENI avait souligné un certain nombre de contraintes que le gouvernement et autres institutions devraient résoudre pour l’organisation des élections présidentielle, législatives et provinciales prévues pour le 23 décembre 2018. Parmi ces contraintes, il y a celles liées aux finances. La CENI avait donc exigé l’actualisation d’un plan de décaissement des fonds pour la prise en charge des scrutins.
En date du 24 décembre dernier, le président Joseph Kabila a promulgué la loi des finances pour l’exercice 2018 qui fixe les prévisions de dépenses pour les opérations électorales à 840.000.000.000fc soit 463.214,03 USD si on tient compte du taux de 1814,4 Fc pour 1 dollar. Mais aussi 72.536.000.000 Fc soit 40.000.000 USD au titre d'appui logistique de la MONUSCO.
Le Réseau Gouvernance Économique et Démocratique (REGED) estime pour sa part que les innovations introduites dans la loi électorale entraîneraient des économies substantielles sur le budget prévu.
<b>Joslin lomba</b>
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<b>Caution électorale: La RDC vers une “démocratie de riches”?</b>
La loi électorale promulguée par le Chef de l’État, Joseph Kabila le 26 décembre 2017 a revu à la hausse la caution électorale. Il s’agit des frais que chaque candidat doit payer pour son admission sur les listes électorales. La caution électorale actuelle est presque le triple de ce qui a été payé en 2006 et 2011.
Selon Patrick Kolela, député national de l’UDPS, élu de la circonscription de Kolwezi (Lualaba), l’augmentation “vertigineuse” de la caution électorale est une manière de réduire à néant un certain nombre d’acteurs qui jouissent réellement de la confiance du peuple congolais.
«<i>La CENI et ses complices ont mis en place cette loi électorale dans l’objectif de casser le petit peuple, qui ne possède pas assez de moyens pour se présenter et se faire élire aux élections. Il n’y a aucune raison valable qui soit capable de justifier cette hausse, dès lors que la crise économique secoue le pays, et que la circulation de la monnaie est difficile. C’est une discrimination sociale et une forme de mise en place de la démocratie des riches</i> », a-t-il souligné.
Dans le souci de permettre à tout le monde de faire une comparaison, mais aussi d’en tirer ses propres conclusions, JDC met à votre disposition le tableau illustratif.
Ci-dessous le tableau présentant les cautions électorales fixées pour chacune des élections organisées en RDC.
<img class="alignnone wp-image-33950 size-full" src="https://actualite.cd/wp-content/uploads/2018/02/Bien-bien.jpg" alt="" width="1407" height="813" /><strong>Par</strong> <b>Julien Mao Mampo</b>
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<b>Machine à voter: la fiabilité du résultat des élections mise en cause</b>
Le président de la CENI, Corneille Naanga, avait annoncé le 13 janvier 2018 devant la presse nationale et internationale, le lancement de la campagne de vulgarisation de l’usage de la machine à voter auprès des électeurs. A cette occasion, Naanga avait présenté 8 machines à voter, qui selon lui, apporteront beaucoup d’avantages notamment l’économie de la somme autrefois alloués à l’achat des bulletins à imprimer, la rapidité.
<b><i>C’est quoi la machine à voter ?</i></b>
Selon le professeur Sammy Bofando, expert en automatisation électronique et enseignant à l’Institut supérieur d’informatique, programmation et analyses (ISIPA), la machine à voter est un outil qui effectue le vote électronique.
<i>“Techniquement, on parle du vote à la machine lorsqu’on utilise les ordinateurs. Ce système de vote via la machine présente plusieurs dangers surtout lorsque les informations se passent au niveau de l’internet”, </i>explique-t-il.
Selon lui, la machine à voter que propose Corneille Naanga ne demande pas de suivre une formation quelconque pour appuyer sur une photo. “<i>Au-delà de tout ce qui est dit</i>, estime Sammy Bofando, <i>cette méthode présente aussi beaucoup d’avantages. C’est le cas de la simplification du bulletin de vote, la bonne visualisation de la photo du candidat, la rapidité du vote, l’impression du bulletin avec le choix de chaque électeur et le recours à l’urne pour un bon comptage”</i>.
Le professeur-ingénieur Bofando avertit néanmoins que le fonctionnement de ces machines peut être facilement influencé par les utilisateurs.
«<i>Les dangers peuvent provenir de Kinshasa ou des personnes censées programmer ces machines. Elles peuvent faire en sorte que les candidatures des uns puissent bénéficier des plusieurs voix par rapport à d’autres. C’est ainsi que la CENI doit maintenant se mobiliser lutter contre la tricherie, et mettre en place un esprit de transparence dans la programmation de ce système. Si la CENI ne recourt pas à des mesures de sécurité efficaces au centre national de traitement (CNT), il y aura tricherie </i>», a-t-il renchéri.
La CENI a déjà réceptionné un lot de 8 machines à voter dont chacune coûte 1500 USD, avait informé l’Observatoire de Dépense Publiques (ODEP). Ce dernier estime que les machines à voter de très bonne qualité, contrairement à celles acquises par la CENI, coûterait en moyenne entre 3000 et 4000 Euros. ODEP redoute par conséquent la fiabilité des résultats qui, d’après lui, pourraient être affectés à cause de la qualité du matériel.
<b>Joslin Lomba</b>
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<b>Élections: mode et fonctionnement de la machine à voter</b>
Un lot de huit machines à voter en provenance de Séoul en Corée du Sud, a été présenté le 13 janvier 2018 devant la presse par le président de la Commission électorale nationale indépendante (CENI), Corneille Nangaa. Cette campagne de vulgarisation est initiée par la centrale électorale dans le but d’initier chaque Congolais à la prise en main de ces outils.
Muni d’un moniteur de 21 à 32 pouces, cette machine à voter possède une fente rectangulaire de forme plate en son milieu, à travers laquelle on glisse en position verticale, de bas vers le haut, des bulletins spécifiques de forme rectangulaire sur lesquels sont imprimées les informations programmées par l’utilisateur.
La machine à voter fonctionne selon un processus protocolaire qui veut qu’à son démarrage, l’utilisateur introduise d’abord un code de déverrouillage, puis un bulletin. Elle demande à l’utilisateur d’indiquer l’identité des membres qui composent le bureau de vote en précisant l’heure de l’ouverture.
Après cette procédure, la machine imprime le Procès Verbal (PV) de la composition des membres du bureau de vote.
Les photos des candidats concernés apparaissent automatiquement sur l’écran juste après l’introduction de chaque bulletin dans la machine.
L’électeur pointe la photo du candidat de son choix, automatiquement le bulletin vierge introduit glisse de bas vers le haut dans la machine et ressort à la verticale de l’autre côté avec la photo du candidat choisi. Ainsi va la procédure jusqu’à la transmission instantanée par la machine, des résultats du vote par internet à la centrale de Kinshasa avec la possibilité pour la CENI de publier les résultats compilés le soir du vote.
<b>Julien Mao Mampo</b>