Le député national Crispin Mbindule, élu de la ville de Butembo, joint sa voix à celle des étudiants de l’Université Catholique de Graben (UCG) qui manifestent depuis ce lundi 11 septembre 2017 contre l’insécurité croissante dans la ville de Butembo (Nord Kivu) et des attaques ciblées contre le personnel de l’université.
Dans une interview à ACTUALITE.CD, Crispin Mbindule appelle aussi à la démission des autorités administratives, policières et militaires de la ville de Butembo.
<b>Comment se présente la situation à Butembo ?</b>
Il y a une insécurité terrible. Les bandits à mains armées attaquent les civils et volent. Les autorités politico-administratives et les policiers sont incapables de sécuriser la population et la société civile en a déjà parlé. Il faut qu’on les remplace. Le vendredi dernier, un prêtre a été agressé. Aujourd’hui, la société a manifesté pacifiquement pour exiger le départ des autorités politico-administratives. Et la police a utilisé la force de façon disproportionnée. Il y a des blessés. A l’heure où je vous parle, la police tire à balle à réelle, elle rentre dans des maisons, elle arrête des garçons, elle fouille dans des poches et ravit de l’argent et des téléphones.
<b>Il y a des arrestations ?</b>
Il y a beaucoup d’arrestations. Si vous voulez, je peux vous donner une liste de centaines d’arrêtés. Ils sont dépouillés, torturés. Surtout dans la partie nord de Butembo, ce qu’on appelle Furu. On l’appelle aussi la Corée du Nord, c’est un axe terrible. Il y a la dictature avec des conséquences terribles.
<b>Ne faudrait-il pas privilégier le dialogue pour résoudre le problème ?</b>
Ça fait déjà trois mois, nous appelons les autorités mais il n’y a pas de solution. Je ne pense pas qu’il peut y avoir un dialogue à Butembo. On gère la ville de Butembo comme lors de la deuxième République. Une autorité urbaine, on ne peut pas l’approcher. Et je crois que c’est ce manque de dialogue qui est à l’origine de l’insécurité. L’autorité urbaine est en conflit avec le commandant, le commandant en conflit avec le responsable de l’ANR, etc. Il n’y a pas de dialogue. Nous avions demandé au ministre de l’Intérieur d’envoyer la police de proximité qui peut collaborer avec la population. Et que la question de la société soit traitée par la police, non pas par l’armée. Dans ce genre des manifestations à Butembo, c’est l’armée qui intervient. Elle rentre dans des maisons des gens.
<b>Quelle pourrait être la solution d’après vous ?</b>
Relever le commandement de la ville de Butembo. Non seulement le commandement de la police mais aussi les policiers qui ont fait déjà plus de 25 ans. Ils sont devenus des chefs coutumiers. Deuxièmement, il faut remplacer le maire. Il est tout le temps malade. La solution, c’est de le changer, mettre quelqu’un qui peut bien contrôler la ville afin de la sécuriser.
<strong>Stanys Bujakera</strong>