RDC: Le chef de Maï-Maï Cheka s’est rendu...sans ses hommes - Papier général

Tabo Taberi alias Cheka, chef de la milice dénommée Nduma Defence of Congo (NDC) s’est rendu mercredi 26 juillet 2017 à la base de la Monusco située dans la localité de Mutongo, 10 kilomètres au Nord de Walikale-centre (Province du Nord-Kivu) sans les troupes qu’il commandait depuis 2009 dans cette partie de la RDC. Sa reddition qui intervient pratiquement six (6) ans après l’émission d’un mandat d'arrêt contre lui par la justice congolaise semble soulager les autorités du Nord-Kivu. A en croire le vice-gouverneur du Nord-Kivu, Feller Lutahichirwa, la reddition de Cheka réduira le taux d’insécurité dans la région de Walikale, le plus vaste territoire de six que compte de la province.

<i>“Cheka est ici à Goma grâce aux partenaires de la Monusco. Il y a des formalités qui sont en cours (...) c’est une bonne nouvelle que ce chef rebelle si célèbre puisse se rendre parce que cela doit donner le ton pour que d’autres puissent emboîter le pas. Cela va se traduire par la réduction de la belligérance au niveau de nos collines, de nos localités. Et nous pensons que c’est dans ce sens qu’avec le barza intercommunautaire, les mutuelles familiales, STAREC nous abordons dans le même sens pour que tous les autres seigneurs de guerre puissent se rendre parce qu’il y en a ceux qui ne sont même pas encore poursuivis par la justice”, </i>a dit le vice-gouverneur Lutahichirwa.

<i>“Cheka s’est présenté de lui-même en pleine conscience et connaissance du fait qu’il est l’objet d’un mandat d'arrêt”, </i>indique le communiqué de la Mission de l’organisation des Nations Unies pour la Stabilisation du Congo (Monusco).

Désormais, le bureau conjoint des Nations Unies pour les droits de l’homme (BCNUDH) appelle la justice congolaise à se saisir du dossier de Cheka.

Jusqu’ici, l’armée congolaise (FARDC) qui a mené des opérations militaires depuis plusieurs années contre Cheka ne s’est pas encore prononcée sur cette reddition “surprise”.

Depuis 2016, “Guidon” considéré comme le bras droit de Cheka s’était séparé de son “mentor” pour créer sa propre milice connu sous le nom de NDC/Rénové qui opère dans Walikale et une partie du territoire de Lubero. Guidon et ses hommes s’illustrent actuellement par des affrontements avec les miliciens Mai-Mai Mazembe au Sud du territoire de Lubero. C’est ici où le NDC occupe depuis dimanche dernier l’agglomération de Miriki.

Dans la région de Lubero, les affrontements réguliers entre les groupes armés, d’une part, et avec l’armée, de l’autre, entraînent les déplacements massifs des populations civiles.

Lors d’une mission d’itinérance la semaine dernière à Lubero, le vice-gouverneur du Nord-Kivu avait indiqué qu’au moins 7 mille déplacés internes étaient enregistrés à Lubero.

<b>Aide-mémoire</b>

Tabo Taberi Cheka était depuis 2009 à la tête d’un groupe armé dénommé Nduma Defence of Congo (NDC) actif dans le territoire de Walikale. Dans cette partie de la République Démocratique du Congo, Cheka est accusé par les organisations internationales dont Human Rights Watch d’exploitation illicite des ressources minières dont le cassitérite et le coltan. La de sa lutte armée du “vaillant combattants de Walikale” était surtout menée autour des sites miniers pour disait-il <i>“protéger les minerais de Walikale qui devraient profiter avant tout aux fils et filles du coin”. </i>Pour preuve, Tabo Taberi a su imposer son autorité pendant une bonne période sur la plus célèbre mine de Bisie actuellement exploitée par l’entreprise étrangère Alpha Mining Bisie.

Mais le chef milicien s’est rendu sans ses hommes en moins d’une semaine de la fermeture de deux bases fixes de la Monusco à Walikale-centre et Bunyapuri (Territoire de Walikale), à Masisi-centre et Nyabiondo (Territoire de Masisi) et à Luofu (Territoire de Lubero).

Candidat député national à la législature de 2011, Cheka est recherché depuis six ans par la justice congolaise pour crime contre l’humanité et viols de masse.

Les autorités du Nord-Kivu ont plusieurs fois négocié sans succès la sortie pacifique de Cheka de la brousse de Walikale, en cheval entre les provinces de Tshopo, Maniema et Sud-Kivu.

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Principal “Team leader” au sein d’une coalition des groupes armés y compris les FDLR et les miliciens Mai-Mai, Cheka a dirigé des attaques coordonnées en août 2010 contre au moins 13 villages près de la localité de Luvungi (axe-routier Kibua Mpofi) à Walikale et 387 personnes dont des femmes étaient violées, 923 maisons et 42 boutiques détruites, d’après l’ONU.

En 2011, sur demande des Etats-Unis, le conseil de sécurité de l’ONU avait ajouté Cheka sur la liste des personnes interdites de voyage et dont les avoirs étaient gelés, conformément aux résolutions 1533 et 1596.

<b>Patrick Maki</b>