Devant les ambassadeurs de l’Union européenne accrédités à Kinshasa, le vice-premier ministre, ministre des Affaires étrangères et de l'Intégration régionale, Léonard She Okitundu, a rejeté toute responsabilité du gouvernement dans le retard actuel que connaît la mise en œuvre de l’accord du 31 décembre. She Okitundu pointe du doigt le Rassemblement comme étant la cause principale du blocage de l’application de cet accord politique.
« Ni le gouvernement, ni la majorité, encore moins le président de la République n’a intérêt à retarder l’application de cet Accord. Au contraire, plus le temps passe, plus il y a des pertes pour la République», a-t-il dit en déplorant le décrochage de la monnaie nationale qui, selon lui, a un impact direct sur la vie de la population.
« Ce n’est pas bien pour un gouvernement comme le nôtre de voir la vie de la population dégringoler. Plus vite le gouvernement sera formé, plus vite nous nous mettrons au travail pour régler les urgences économiques et sociales ainsi que pour organiser les élections », a-t-il ajouté.
«S’il n’y avait pas eu le décès du président de l’UDPS, je crois qu’on aurait déjà avancé », a-t-il également regretté. She Okitundu a affirmé que le président de la République avait présenté tous les gages d’une volonté politique d’aller de l’avant, rappelant qu’il appartenait plutôt à l’opposition de s’organiser afin de désigner son président du Conseil des sages pour diriger le Comité national de suivi et qui transmettrait les 3 noms pour le poste de Premier ministre, conformément à l’article 78 de la Constitution et à l’accord.
« La balle est dans le camp de l’opposition qui doit se réorganiser pour revenir pleinement à la table des négociations », a insisté le vice-premier ministre rappelant les propos d’un des cadres de la CENCO qui affirmait récemment que la restructuration laborieuse du Rassemblement était le blocage principal pour l’application de l’accord.
<strong>Droits de l’homme : Pas de politique de violations </strong>
Ministre honoraire des Droits humains, She Okitundu s’étonne de certaines interpellations d’ONG et officines internationales sur la question des Droits de l’homme en RDC.
« C’est comme si le Gouvernement appliquait une politique intentionnelle de violation des Droits de l’homme, ce qui n’est absolument pas le cas », a dit She Okitundu en saluant le CICR qui, selon lui, a une approche pédagogique de collaboration et de confiance avec la RDC en ayant accès à toutes les prisons et autres lieux de détention. « Ce qui est contraire, ajoute-t-il, au Bureau conjoint des Nations Unies pour les Droits de l’homme qui se complaît dans du tapage médiatique, des dénonciations hasardeuses et des « faux procès » au Gouvernement en contradiction avec l’accord de siège ».
Sur les exactions imputées aux FARDC, le VPM a souligné que le chef d’état-major des FARDC a toujours rappelé aux troupes le souci pour les Forces armées de respecter les droits congolais et les droits internationaux qui s’opposent à la violation des droits de l’homme.
<strong> </strong><strong>Contestation des sanctions européennes et résolution intempestive du Parlement</strong>
Léonard She Okitundu a contesté les sanctions ciblées européennes unilatérales qui, selon lui, ne cadrent pas avec les valeurs défendues par la convention européenne des droits de l’homme notamment le droit d’être entendu, la présomption d’innocence, la notification formelle aux intéressés et le droit à un procès équitable avant une condamnation, ce qui n’est aucunement le cas actuellement. Il a souligné la volonté du gouvernement congolais de contester judiciairement ces décisions. Et il demande à ce que le Parlement congolais s’exprime dans l’hémicycle européen.
<strong>Mandat Monusco : efficacité et effectif </strong>
Reconnaissant que la Monusco a été « un facteur stabilisateur important », le VPM a cependant rappelé à son audience qu’elle n’a pas vocation à s’installer à demeure et qu’une évaluation de l’efficacité de son action doit être faite face aux nouvelles menaces actuelles passées d’une guerre conventionnelle à une guerre asymétrique avec les groupes armés qui mènent des opérations non conventionnelles avec une guérilla et une nouvelle sorte de terrorisme dont les populations isolées sont victimes et mettent tout en œuvre pour déstabiliser les opérations électorales, a-t-il indiqué.
En ce qui concerne la reconduction du mandat de la Monusco qui figure dans l’agenda de la réunion du Conseil de sécurité prévue en ce mois de mars, le chef de la diplomatie congolaise a indiqué que la RDC ne s’oppose pas à la reconduction du mandat mais exige une évaluation du travail accompli pendant les 20 ans avec plus de 20.000 hommes pour prendre en considération les éléments qui en sortiront afin de définir les axes du nouveau mandat de la Monusco. « Car une différence a été remarquée quand la Brigade Internationale de la SADC sous mandat onusien s’est mise en action en 2013», a rappelé Okitundu pour ensuite se poser la question de savoir ce qu’ont fait les autres toutes ces années. « Pourquoi une telle pléthore ? Ne peut-on pas mieux utiliser ces fonds des contribuables occidentaux à des projets avec plus d’impacts en RDC ou ailleurs ? », s’interroge le vice-premier ministre.
She Okitundu plaide pour une plus grande efficacité avec des moyens adaptés à la guerre asymétrique.
Stanys Bujakera Tshiamala