Bitakwira: "ils veulent brader le corps de Tshisekedi pour le pouvoir dont il s'est lui même abstenu"

Justin Bitakwira, ministre des relations avec le Parlement, a invité ce vendredi 10 février 2017, le parti politique d'Etienne Tshisekedi à respecter la mémoire du sphinx de Limete. Etienne Tshisekedi ne devrait pas faire l'objet d'un échange pour l'accession au pouvoir, a-t-il dit.

<strong>Comment avez-vous reçu l'annonce du décès de Tshisekedi?</strong>

Sincèrement j’ai regretté en tant qu’humain, africain et bantou. Tshisekedi, c’est mon maître. C’est grâce à lui que je suis ce que je suis maintenant en politique. J’ai adhéré à l’UDPS depuis 1983. Et à l’époque pour y adhérer il fallait affronter la peur. Pour l’UDPS, j’ai fait quatre fois la prison sous Mobutu. Sous M’zee Laurent Kabila, je n’étais plus à l’UDPS mais j’ai fait deux fois la prison. Tshisekedi, c’est un maître. Il a formé des gens dont moi-même qui suis un de ses produits.

<strong>Que pensez-vous des conditions que l’UDPS impose avant le rapatriement du corps de Tshisekedi ?</strong>

C’est se moquer de la mémoire du défunt. Ils veulent brader son corps pour l'accession au pouvoir dont lui-même s’est abstenu pendant des années ? J’interdis à ces gens-là de le faire. Il y a des gens qui étaient avec Tshisekedi sans réellement être avec lui. Et c’est justement ceux-là qui veulent brader son corps pour accéder au pouvoir. Donc il est hors de question que quelqu’un conditionne l’enterrement de Tshisekedi par son accession au pouvoir. Je ne le dis pas parce que je suis membre du présent gouvernement. Je le dis en tant que Bantou. En Afrique, c’est un tabou. Et si Tshisekedi ressuscitait, il les frapperait tous comme Jésus avait fait aux gens qui brader son temple.

<strong>Le respect de l’accord du 31 décembre, c’est aussi l’exigence de la population…</strong>

Tous ça c’est blasphémer  le nom de Tshisekedi. Je suis aussi catholique moi. Ils doivent savoir que la mort de Tshisekedi aura un impact très sérieux par rapport à ce qui s'est fait au centre interdiocésain. Et certains doivent déjà revoir leur calcul à la baisse. Je compatis avec la famille biologique de Tshisekedi. Je présente mes condoléances à sa famille. Mais que la famille ne tombe pas dans la gourmandise de certains politiques qui veulent se servir de la dépouille de son père pour accéder au pouvoir.

<strong>Que retenez-vous de ses qualités ?</strong>

Etienne Tshisekedi, c’est d’abord une idée. Tshisekedi, c’est le courage, la persévérance. L’être humain a des qualités et des faiblesses. Donc Tshisekedi avait aussi des faiblesses. Mais il avait beaucoup plus de qualités morales.

<strong>Sa disparition peut changer la donne sur la scène politique congolaise ?</strong>

Je crois qu’Etienne Tshisekedi ne sera pas différent de Kimbangu, de Nelson Mandela, de Martin Luther King. C’est juste une idée. Mais je pense que ceux qui sont restés au Rassemblement ou à l’UDPS doivent continuer son combat. Que cela se fasse sans détourner la vraie pensée de cet homme. Sa disparition aura effectivement un impact sérieux pendant 5 ou 10 ans. C’est tout à fait normal. Mais après il y aura d’autres Tshisekedi qui vont naître, qui vont porter son nom et qui vont le copier. Martin Luther King est mort en 1968 mais ce n’est qu’après un long moment qu’un noir est devenu président des Etats-Unis.

<strong>À votre avis, où peut-on enterrer Tshisekedi ?</strong>

En tant que Bantou pour honorer quelqu’un, on l’enterre dans son village. Je préfère qu’on enterre Tshisekedi dans son village.

Une interview réalisée par Stany Bujakera à suivre<a href="https://soundcloud.com/actualitecd/bitakwira-ils-veulent-brader"&gt; ici. </a>

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