Partenariat stratégique RDC-USA :"Pour la première fois, la RDC est au cœur des discussions sur l’accès aux matières premières essentielles "(André Wameso)

André Wameso
André Wameso

Précédemment parmi les négociateurs pour le compte de la RDC et actuellement Gouverneur de la Banque centrale du Congo (BCC), André Wameso Nkualoloki a, au-delà de l’accord de paix conclu avec le Rwanda, salué le nouvel accord de partenariat signé jeudi 4 décembre 2025 avec les États-Unis d’Amérique, présenté par l’administration Trump.

Ce nouvel accord vise à encadrer et à accélérer une série de projets considérés comme prioritaires pour l’industrialisation du pays, la sécurisation des chaînes d’approvisionnement en minerais critiques et le développement d’infrastructures clés. Pour André Wameso, cet accord permettra au pays de jouer un rôle actif, contrairement à la situation actuelle où les ressources étaient exploitées sans l’avis des dirigeants congolais.

"C’est la première fois, la première fois de notre histoire commune qui a été créé par d’autres personnes, parce que l’État indépendant du Congo, on a tracé les frontières sans nous, c’est la première fois qu’il y a une nouvelle révolution industrielle qui va arriver et qu’on décide de pouvoir discuter de l’accès à ces matières premières dont on a besoin pour cette révolution industrielle,on discute avec la RDC. C’est un tournant historique, et il faut qu’on en prenne la mesure nous-mêmes" a déclaré André Wameso, intervenant comme expert et l'un des négociateurs de la RDC lors d'un briefing presse avec les membres du gouvernement à Washington DC aux États-Unis d'Amérique

Et de poursuivre :

"C’est-à-dire quoi ? C’est-à-dire que ce que nous voulons voir c'est-à-dire la paix et tout ça  dépend de la responsabilité que nous devons comprendre, qui est la nôtre, par rapport à cet événement historique qui a été arraché grâce au leadership du président Félix Tshisekedi. C’est une première historique que, pour avoir accès à nos ressources, pour développer une industrie mondiale, pour faire une révolution industrielle, on vienne discuter de ça avec le Congo et qu’on signe des accords avec les Congolais. C’est très, très important".

Selon André Wameso, ancien directeur de cabinet adjoint de Félix Tshisekedi en charge des questions économiques et financières, ce nouveau partenariat va mettre fin au statut de la RDC ou toute puissance était censée venir puiser les minerais sans s'intéresser aux dirigeants congolais

"Vous savez, nous sommes aujourd’hui la République démocratique du Congo, mais nous avons été initialement État indépendant du Congo. Nous avons été créés pour que le monde occidental vienne puiser ses ressources dont il a besoin pour son développement industriel. Donc, rappelez-vous le caoutchouc, rappelez-vous Shinkolobwe, rappelez-vous le développement de l’électricité avec notre cuivre : on ne nous a jamais demandé notre avis" a rappelé André Wameso Nkualoloki

Et d'ajouter :

"Et je vous ai rappelé que, quand on a eu besoin de venir prendre le coltan et tout ça, nous avons tergiversé. Bon, ce n’est pas que nous avons tergiversé : nous avons voulu défendre nos intérêts en disant qu’on ne privatise pas. Et il y a une décision qui a été prise et nous avons été envahis. Et aujourd’hui, il y a des iPhones, il y a des Samsung qui sont utilisés avec nos ressources, sans nous"

Selon le texte signé à Washington, la RDC devra transmettre dans les 30 jours suivant l’entrée en vigueur de l’accord une première liste des “DRC Designated Strategic Projects”, une catégorie qui regroupe les projets jugés centraux pour la transformation économique du pays. Ces initiatives devront contribuer à la création d’emplois, à l’ajout de valeur locale, au renforcement des infrastructures énergétiques et logistiques, ainsi qu’à la stabilisation des zones riches en ressources où persistent des tensions.

En parallèle, la RDC fournira également, dans le même délai, une liste initiale d’actifs miniers et zones d’exploration classés au sein du Strategic Asset Reserve (SAR), un mécanisme réservé aux projets liés aux minerais critiques et à l’or. Ces actifs pourront inclure des concessions déjà identifiées ou des périmètres encore non attribués. Les États-Unis disposeront d’un droit de première offre pour tout projet SAR notifié.

L’accord mentionne plusieurs chantiers structurants considérés comme prioritaires, notamment la réhabilitation de la ligne ferroviaire DRC-Angola dans le cadre du corridor Sakania-Lobito, présenté comme un axe stratégique pour l’exportation de cuivre, de cobalt et de zinc. Les deux parties visent une synchronisation des travaux avec la partie angolaise et souhaitent mobiliser financements publics et privés, y compris via des banques multilatérales.

Le texte reconnaît également le caractère stratégique du méga-projet hydroélectrique du Grand Inga, pour lequel un Comité de coordination et de gouvernance doit être créé afin de faciliter le financement et de booster les opportunités pour les entreprises américaines dans le développement des différents volets du complexe énergétique.

Enfin, l’accord prévoit que les États-Unis soutiendront la formalisation du secteur minier artisanal, l’amélioration de la gouvernance minière, la production de données géologiques, la sécurisation des chaînes d’approvisionnement et la création d’un “Strategic Minerals Reserve” en RDC destiné à stabiliser les prix et garantir un accès prévisible aux minerais critiques pour les industries américaines.

L’ensemble de ces projets doit être suivi par un Joint Steering Committee, dont la première réunion est prévue dans les 90 jours après l’entrée en vigueur de l’accord. Une revue tripartite du partenariat est annoncée tous les trois ans.

Clément MUAMBA