Face aux appels incessants à la convocation d’un dialogue national, Kinshasa martèle que “la crise est avant tout sécuritaire, le Chef de l’État mettra en œuvre au moment venu la feuille de route des confessions religieuses” 

Les délégations de la CENCO, de l'ECC reçues par Félix Tshisekedi
Les délégations de la CENCO, de l'ECC reçues par Félix Tshisekedi

À quelques heures de l’entérinement de l’accord de Washington par le Président Félix Tshisekedi et Paul Kagame, en présence du Président des États-Unis Donald Trump, plusieurs voix au sein de l’environnement sociopolitique congolais continuent d’appeler à la convocation d’un dialogue national inclusif en République démocratique du Congo. Pour les partisans de ce dialogue, notamment une frange importante de l’opposition politique et de la société civile, l’objectif est d’appuyer ou d’accompagner les initiatives diplomatiques internationales en cours (NDLR : Accord de Washington et Processus de Doha). 

Mais le gouvernement campe sur sa position, affirmant que la crise actuelle est avant tout sécuritaire, en raison de l’agression rwandaise via la rébellion de l’AFC/M23. Selon le porte-parole du gouvernement, Patrick Muyaya, il existe déjà un engagement du Chef de l’État à ce sujet et, au moment opportun, la feuille de route établie par les confessions religieuses sera mise en œuvre.

"Il faut savoir que la principale raison de la crise que nous connaissons actuellement est sécuritaire. C’est une crise consécutive à l’agression rwandaise. Il y a eu des élections en 2023, le Président a été plébiscité à plus de 70 %. Et donc aujourd’hui, en termes de règlement, nous voulons traiter d’abord la question liée à la sécurité, et c’est ce que nous faisons à Washington, c’est ce que nous faisons à Doha. Sur ce qui concerne le dialogue, le Président s’est déjà montré disponible. Il y a une feuille de route qui a été établie conjointement par ses équipes et par les équipes de la CENCO, ECC et d’autres confessions religieuses. Je pense que, de ce point de vue, la question pourra trouver sa réponse le moment venu", a-t-il dit lors d'un briefing de presse mercredi 3 décembre à Washington.

Bien plutôt, Martin Fayulu, Moïse Katumbi Chapwe ont une nouvelle fois rappelé l'urgence et la nécessité pour Félix Tshisekedi de convoquer un dialogue national inclusif pour régler la crise sécuritaire dans l'Est du pays.  

De son côté, au cours d'une rencontre avec les jeunes de l'église catholique, le Cardinal Fridolin Ambongo a rappelé que l’espérance d’unité et de réconciliation repose actuellement sur le projet de Pacte social pour la paix, porté conjointement par l’Église catholique et l’Église du Christ au Congo en y associant d'autres confessions religieuses. Alors que la convocation d’un dialogue autour de ce projet tarde à se concrétiser, et face aux murmures dans la sphère sociopolitique évoquant des tentatives de contourner cette initiative, le Cardinal a mis en garde : toute démarche qui ne prendrait pas en compte les causes profondes des crises serait vouée à l’échec.

Appelé à poser des actes d’État pour convoquer le dialogue national à la suite de la publication de la feuille de route par les confessions religieuses conçue pour appuyer les initiatives diplomatiques internationales menées par les États-Unis et le Qatar, le Chef de l’État, Félix Tshisekedi, maintient sa position selon laquelle aucun dialogue ne peut être organisé en dehors de son initiative.

Lors de ses récentes interventions, tant à Kinshasa qu’à l’étranger, Tshisekedi a réaffirmé son attachement à un dialogue national, tout en rejetant toute forme d'influences extérieures. Il a renouvelé son soutien à l’Accord de Washington et au processus de Doha, deux initiatives diplomatiques qui, selon lui, permettront à la RDC de se prémunir contre les influences extérieures visant à déstabiliser les institutions, en particulier sur le plan sécuritaire.

En RDC, plusieurs confessions religieuses parlent désormais d’une même voix quant aux pistes de sortie de crise dans l’Est du pays, marqué par l’agression rwandaise via la rébellion de l’AFC/M23. C’est dans ce cadre qu’une feuille de route commune pour le dialogue national a été rendue publique  lundi 25 août à Kinshasa. Elle est portée conjointement par la Conférence Épiscopale Nationale du Congo (CENCO), l’Église du Christ au Congo (ECC), la Plateforme des Confessions Religieuses du Congo, ainsi que la Coalition Interconfessionnelle pour la Nation (CIN).

Depuis sa publication, les actes attendus du Chef de l’État tardent encore. Sur la scène internationale, les initiatives diplomatiques avancent sur le papier, mais peinent à produire des résultats concrets sur le terrain, dans un contexte de tensions persistantes entre Kinshasa et Kigali, ainsi qu’entre Kinshasa et l’AFC/M23.

Clément MUAMBA