La République démocratique du Congo a obtenu l’inscription de l’okapi (Okapia johnstoni) à l’Annexe I de la CITES, en s’appuyant sur une série de chiffres qui témoignent d’un déclin rapide de l’espèce et de son habitat, selon le document CoP20 Prop. 5 soumis à la Conférence des Parties et consulté par ACTUALITE.CD.
L’aire de répartition actuelle de l’okapi est estimée à 244 405 km² dans les forêts du centre et du nord-est de la RDC. La population totale était évaluée entre 35 000 et 50 000 individus dans les années 1990, mais les experts estiment qu’elle a depuis chuté de plus de 50 % en 24 ans (trois générations, entre 1995 et 2013), ce qui a conduit l’UICN à classer l’espèce comme « menacée » dès 2013, un statut confirmé en 2015.
Dans la Réserve de faune à okapis, l’un des principaux bastions de l’espèce, le déclin est particulièrement marqué : le nombre d’individus y a diminué de plus de 40 % entre 1995 et 2007, puis de 47 % entre 2008 et 2012. En 2018, il est « probable qu’au moins 60 % de la population restante » de cette réserve ait été perdue, selon les données citées.
L’habitat de l’okapi est également sous pression. Dans l’est de la RDC, la perte de forêts atteint environ 30 % au cours des deux dernières décennies. Dans les aires protégées où subsistent les principales populations, la perte de couvert forestier est plus limitée, allant de moins de 1 % à un peu plus de 10 % sur vingt ans, en fonction des sites. La coulée verte Kivu–Kinshasa, créée en 2025, couvre 154 000 km² et englobe une grande partie de l’aire de répartition de l’espèce, à l’exception du parc national de la Lomami.
Le commerce illégal constitue une autre source d’inquiétude. Une ONG citée dans le document estime que 80 % des produits de faune sauvage saisis en Ouganda proviennent de la RDC et que, depuis 2019, les produits de 10 okapis traverseraient la frontière chaque mois. Face à ces tendances, l’okapi est déjà classé comme espèce « totalement protégée » en droit congolais.