Des comptes sur les réseaux sociaux et des sites Web de médias sèment la désinformation en soutien du magnat israélien Dan Gertler
Nos principales conclusions :
• Un réseau en ligne de comptes, de sites de médias et d’utilisateurs de la plateforme X aux allures de bots sème la désinformation en soutenant le magnat minier israélien Dan Gertler, sous le coup de sanctions, et en attaquant des groupes de la société civile en RDC.
• Des dizaines de comptes sur X et au moins dix sites d’actualités congolais ont publié des affirmations fausses au mois de juillet prétendant qu’un tribunal arbitral israélien avait blanchi Gertler de toutes les accusations de corruption en RDC qu'il y a pu y avoir par le passé et qui ont donné lieu aux sanctions. Un groupe de comptes aux allures de bots a disséminé ces affirmations.
• Global Witness a découvert 40 comptes, tous créés au mois de février, postant des réponses similaires en soutien à D. Gertler et attaquant des personnalités de la société civile.
• Si nous ne pouvons déterminer un lien formel entre le site Web ou les comptes et une personne précise, plusieurs des sites semblent publier régulièrement des articles favorables à Deo Kasongo, responsable de la communication de D. Gertler en RDC.
• Les activités en question font écho à une campagne de désinformation similaire qui avait été mise au jour par Global Witness en 2020 :
DÉBUT
Londres - Un réseau en ligne de comptes, de sites de médias et d’utilisateurs des réseaux sociaux aux allures de bots sème la désinformation. L’objectif : soutenir le magnat israélien Dan Gertler, sous le coup de sanctions, et attaquer les groupes de la société civile en RDC, comme le révèle une nouvelle analyse menée par Global Witness.
Des dizaines de comptes sur la plateforme X et dix sites d’actualités congolais ont publié des affirmations trompeuses au mois de juillet prétendant qu’un tribunal arbitral israélien avait blanchi Gertler des accusations de corruption en RDC. La décision ne portait pas sur une procédure publique visant à faire la lumière sur toutes les accusations de corruption en RDC qu’il y a pu y avoir par le passé : il s’agissait d’un litige commercial privé avec des investisseurs israéliens qui s’est tenu à huis clos, même s’il aurait blanchi Dan Gertler de certaines accusations en lien avec leurs affaires.
Dan Gertler est un milliardaire israélien opérant dans le secteur minier et qui a amassé une grande fortune grâce à des entreprises minières en Afrique, principalement en RDC. En 2017, il a été sanctionné par les États-Unis suite à des soupçons de corruption dans le cadre d’opérations commerciales.
Les recherches de Global Witness ont permis de découvrir que le groupe de comptes aux allures de bots a disséminé des déclarations selon lesquelles Dan Gertler aurait été blanchi de toute accusation de corruption et s’est servi des articles trompeurs pour militer contre les sanctions américaines à son encontre.
La campagne de désinformation a également pris pour cible des groupes de la société civile, faisant écho à une précédente analyse de Global Witness qui date de 2020.
La tentative manifeste de redorer le blason de Gertler en RDC risque de balayer sous le tapis les activités d'un acteur pourtant sous le coup de sanctions et met à mal tout le travail fait pour y assurer le respect des principes de transparence et d’éthique dans l’approvisionnement des minerais nécessaires à la transition. Global Witness a décidé par conséquent de publier ce communiqué de presse et son rapport en français pour lutter contre la désinformation.
Pour Mike Davis, le PDG de Global Witness,
« le recours à des comptes aux allures de bots et à des sites Web de médias opaques pour mettre en avant des propos trompeurs montre à quel point il est facile de faire usage de la désinformation. Les décisions de sanction doivent rester applicables à moins d’être annulées par une juridiction crédible. Aucune campagne en ligne ni aucun arbitrage privé n’y changera quoi que ce soit. Et pourtant, ces réseaux semblent chercher à convaincre le public du contraire.
Il est très inquiétant de voir des journalistes et des groupes de la société civile pris pour cible dans le cadre de ce qui semble être une action coordonnée pour blanchir des personnes pourtant sous le coup de sanctions et empêcher toute forme d’examen. Les plateformes telles que X ont des règles claires contre l’amplification artificielle et les comportements factices coordonnés. À elles à présent de les faire respecter en enquêtant sur ces réseaux. Les journalistes et la société civile doivent pouvoir effectuer leur travail sans subir d’intimidation. »
-FIN-