Malemba Nkulu, territoire situé dans la province du Haut-Lomami, Sud-Est de la RDC, fait face à d'énormes difficultés liées à l'approvisionnement à l'eau potable. Les ressortissants de ce territoire vivant à Lubumbashi, ont alerté, à travers l'Institut de recherche en droits humains (IRDH), de l'absence quasi totale de l'eau dans cette entité.
Ces derniers, en ont saisi pour appeler à des mesures urgentes pour pallier la carence en eau potable à Malemba-Centre et dans les villages impactés par l’entreprise minière Mining Mineral Resources (MMR), à savoir Katondo, Manga et Songwe.
« MMR n’a jamais payé la dotation minière de 0,3 % (Audit de la Cour des comptes, juin 2025, p. 17). Ainsi, elle prive les communautés locales des ressources qui auraient permis de sécuriser l’eau potable et limiter les effets dévastateurs de la pollution. A ce titre, l’Institut exhorte le Ministre d’État, Ministre de la Justice et Garde des Sceaux à s’assurer que tous les droits communautaires soient pleinement respectés, dans la procédure de médiation engagée par MMR, conformément à la politique gouvernementale visant à renforcer le climat des affaires et les droits humains», lit-on dans le communiqué de presse de l'Institut de recherche en droits humains de ce lundi 22 septembre.
Avec la présence des ressortissants du territoire de Malemba Nkulu au Bureau de l'IRDH à Lubumbashi, une crise humanitaire vit dans cette contrée sur fonds d'exploitation minière illégale sans contrepartie.
« Une crise humanitaire sur fond d’exploitation minière irrégulière.
La société MMR, filiale du groupe indien Vinmart, exploite la cassitérite, le coltan et le wolframite dans l’Entité territoriale décentralisée (ETD) de Malemba-N’Kulu. Elle possède des laveries aux villages Kanunka et Katondo et rachète la totalité des minerais artisanaux via la coopérative COMIDEK (Coopérative Minière
pour le développement du Katanga).
Cette exploitation a des graves conséquences. Le 6 février 2025, la communauté de Songwe avait dressé
un procès-verbal constatant le décès de dix personnes, mortes après avoir consommé de l’eau polluée et
des poissons contaminés par des rejets acides dans la rivière Kalubwe, affluent des lacs Kibala et Songwe Ziba. À la même période, elle avait signalé la disparition des poissons « Vodo », aliment de base et ressource économique majeure.Il en résulte que ces faits sont constitutifs de violation manifeste des engagements sociaux et environnementaux prévus par le Droit national et les instruments juridiques internationaux», alerte l'IRDH.
Et d'ajouter :
« L’IRDH rappelle que la vie humaine et un environnement sain ne peuvent faire l’objet d’une transaction. La Constitution (art. 16 et 61) proclame le caractère sacré de la vie humaine et garantit le droit à un environnement sain (art. 53). De plus, le Code minier (2018) impose la protection stricte de l’environnement, des ressources aquatiques et des terres agricoles (art. 258). Un tel arrangement ne peut servir à contourner les obligations légales de la société minière, ni priver les familles des victimes et les communautés de leurs droits ».
Compte tenu de la gravité de la situation humanitaire et de la priorité immédiate que représente l’accès à l’eau potable pour les habitants de Malemba-Centre, Katondo, Manga et Songwe, l’IRDH recommande au Gouvernement de la République et à la société MMR de fournir en urgence l'eau potable aux communautés affectées, le versement effectif des fonds prévus par le Code minier (redevance, dotation de 0,3 % et cahier des charges), la répartition équitable des préjudices humains et environnementaux causés par la pollution. En plus, la réouverture de la médiation conventionnelle entre MMR, les communautés locales et les autorités, dans le cadre de l’Observatoire de la redevance minière, de la dotation de 0,3 % et des fonds des cahiers des charges. Cette médiation, encadrée juridiquement, doit, selon Hubert Tshiswaka, coordinateur de l'IRDH, permettre aux communautés d’entrer dans leurs droits, aux familles des victimes d’obtenir des dédommagements justes, aux ETD de recouvrer leurs créances, et à l’entreprise MMR d’éviter une procédure judiciaire au national et international.
José Mukendi