La rentrée scolaire 2025-2026, officiellement lancée, s'est déroulée dans un climat de forte disparité dans les territoires de Rutshuru et Masisi, au Nord-Kivu. Si certaines écoles ont pu ouvrir leurs portes, d'autres, notamment dans le secteur public, sont restées fermées en raison de mouvements de grève décrétés par des enseignants syndicalistes.
Dans plusieurs écoles de la sous-division de Rutshuru, les activités scolaires n'ont pas démarré comme prévu le lundi 1er septembre. Dans des écoles primaires catholiques, notamment à Bukoma, les élèves qui s’étaient présentés en matinée ont été priés de regagner leurs domiciles, fait savoir un enseignant joint par ACTUALITÉ.CD. Selon ce dernier, cette paralysie résulte du non-paiement des salaires de nombreux enseignants, dont certains n'ont pas perçu de rémunération depuis plus de six mois.
Le constat est similaire dans le groupement de Kisigari, relevant de la sous-division de Rutshuru 3, où la majorité des établissements n'ont pas pu rouvrir. Dans d’autres centres de Rutshuru 2, la grève avait été annoncée en amont de la rentrée, empêchant le démarrage effectif des cours.
En revanche, les établissements privés, notamment à Kiwanja, ont connu une rentrée sans heurts. Certaines écoles privées, à l’exemple de Sainte Chrétienne, ont accueilli les élèves dès le premier jour, assurant la reprise normale des enseignements.
Dans le territoire voisin de Masisi, la rentrée a bien eu lieu, mais dans des conditions particulièrement difficiles. Selon Télesphore Mitondeke, rapporteur de la société civile locale, certaines écoles accueillent déjà plus de 100 élèves par classe, conséquence directe de l’afflux massif des enfants déplacés suite aux conflits armés.
M. Mitondeke indique qu’à l’école primaire Hodari, on compte jusqu’à 120 enfants dans une classe. La majorité sont des déplacés internes vivant dans les camps aux alentours du chef-lieu. Des situations similaires ont été observées dans les secteurs de Osso Banyungu et Katoyi, où la rentrée est effective mais très timide.
Outre la surcharge, les écoles font face à de nombreux défis logistiques. Plusieurs parents n’ont pas pu acheter les fournitures scolaires de base, en raison de la crise économique qui frappe la région.
Une semaine avant la rentrée, les enseignants de Rutshuru et Masisi avaient déjà tiré la sonnette d’alarme, exigeant du gouvernement le paiement immédiat de leurs arriérés comme condition sine qua non à la reprise des cours. Malgré une rencontre tenue à Kinshasa le 21 août entre la ministre d’État à l’Éducation nationale, Raïssa Malu Dinanga, et les leaders syndicaux nationaux, les enseignants des zones en conflit se disent peu convaincus.
Ces enseignants regrettent l’absence de réponse du gouvernement malgré leurs multiples appels ces derniers mois, et dénoncent un manque d’intérêt flagrant de la part de l’État, en particulier de la ministre de l’Éducation. Ils rejettent également le paiement de leurs salaires via la Caritas, qu’ils accusent de détourner leurs fonds, et réclament une réforme du mode de paiement.
Les engagements pris lors des assises de Bibwa, en août 2024, peinent à se traduire sur le terrain.
Josué Mutanava, à Goma