L’opposition congolaise a exprimé sa colère contre la peine de mort requise vendredi dernier par le ministère public à l'endroit de l'ancien chef de l'État, Joseph Kabila, jugé par contumace devant la haute cour militaire pour pas mal de chefs d'accusation, dont la trahison, le complot et la participation à un mouvement insurrectionnel.
Le parti de l'ancien premier ministre Matata Ponyo, exilé après sa condamnation à 10 ans de travaux forcés pour détournement des deniers publics, s'est insurgé contre un procès digne d'une comédie, qu'il présente comme une première menace contre l'ancien président de la République. Le LGD qui dit être témoin du clash de la coalition FCC-CACH, insinue qu'il est le déclencheur d'une succession des mesures contre Joseph Kabila, sa famille biologique et politique.
Pour sa part, le cadre de concertation des forces politiques et sociales voit à travers ce procès, “une preuve supplémentaire de l'instrumentalisation éhontée de la justice dans le seul but d'instaurer un climat de peur et de réduire au silence toute voix dissidente”. Il estime que le réquisitoire de l'organe de la loi est un coup dur porté contre le vivre-ensemble, et jette l'image selon laquelle Joseph Kabila est d'office frappé par la présomption de culpabilité, dénonçant vivement le règlement des comptes à un “adversaire politique.”
Prince Epenge, porte-parole de la coalition Lamuka de l'opposant Martin Fayulu, a critiqué la posture des avocats de la République qui, d'après lui, ont transformé le procès en une cirque, dénonçant la confusion de la partie civile qui s'est mêlée les pinceaux. Reconnaissant le principe de l'égalité devant la loi, Epenge note le manque de sérieux du procès Kabila, teinté, selon lui, du sensationnalisme l'ayant vidé de sa substance.
Des membres de sa famille politique ne sont pas non plus restés silencieux. Sur X, jeudi, Néhémie Mwilanya, dernier directeur de cabinet de Joseph Kabila, a fustigé un procès à des fins politiciennes qui, pour lui, représente “un crime d'État.” José Makila Sumanda, ex ministre des transports sous Kabila, a déclaré que cette affaire contre le sénateur à vie tend à sacrifier l'État de droit.
D'une seule voix, l'opposition demande à la haute cour militaire le rejet du réquisitoire, jugé littéralement incendiaire face aux démarches de paix internes et externes. Les opposants renouvellent leur exigence d'organiser un dialogue inclusif sous la médiation de la CENCO-ECC.
Lors de la plaidoirie du vendredi 22 août, les avocats de la République ont argué que Joseph Kabila, dont ils contestent sans cesse la nationalité congolaise, n'est pas fils de Madame Sifa, connue comme sa mère biologique. Lui attribuant la nationalité rwandaise, ces hommes en toge ont plaidé pour qu'il soit, en dehors du salve d'infractions qui pèse sur lui, jugé pour espionnage. Maître Richard Bondo, chef du collectif des avocats de la République, a par ailleurs exigé des dommages et intérêts de plus de 30 milliards USD pour les massacres que l'ancien chef de l'État aurait commis en collusion avec l'Alliance Fleuve Congo (AFC/M23).
Après lecture du réquisitoire par le Lieutenant Général Likulia Bakumi Lucien-René, Auditeur général des FARDC, la haute Cour militaire a suspendu la séance pour une reprise dans le délai de la loi.
Samyr LUKOMBO